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Voyage : pourquoi et comment évaluer son entreprise ?

Nous avons rassemblé les (bons) conseils du cabinet Aragor, lequel évalue chaque année la valeur de la plateforme de réservation de voyages Resaneo.

Agence de voyages, voyagiste, plateforme digitale… Quelle valeur donner à son entreprise ? C’est le titre qu’a donné Daniel Borja, président du cabinet lyonnais Aragor, à sa conférence lors de la récente convention des Entreprises du Voyage Centre Est à Tirana. Cet expert-Comptable et commissaire aux comptes s’est spécialisé dans différents secteurs dont le tourisme. Nous résumons dans cet article ses réponses, claires et synthétiques, aux questions relatives à la valeur de l’entreprise.

Dans quelles conditions faut-il évaluer ?

C’est en prévision d’une cession, d’une transmission à ses enfants ou à ses salariés que les propriétaires souhaitent évaluer leur entreprise. Avant, par exemple, la conclusion d’un pacte Dutreil, cet abattement fiscal (75%) lors de la transmission d’une entreprise familiale.

La recherche d’une estimation s’opère aussi lors d’un projet d’acquisition, de fusion, de constitution de holding, estime Daniel Borja. « Ce n’est pas seulement quand je cède mon entreprise », insiste-t-il. Le groupe Resaneo procède, lui, à une évaluation annuelle, pour identifier la valeur créée et/ou perdue. Une démarche au demeurant très rare.

Que faut-il évaluer ?

Tous secteurs d’activité confondus, les méthodes d’évaluation peuvent varier d’un expert à l’autre.

Le patron d’Aragor, privilégie, lui, l’excédent brut d’exploitation (EBE), « soit ce qu’il reste une fois le personnel payé. Ensuite, nous appliquons un multiple à cet EBE pour valoriser l’entreprise. Dans votre secteur, le multiple EBE le plus répandu se situe entre 4 et 4,5. Mais il peut aller jusqu’à 8,4. A cette valeur, nous ajoutons la trésorerie active (hors acomptes clients, NDLR) et nous retirons les dettes. Là, c’est la méthodologie principale de calcul. Nous sommes ainsi déconnectés de la marge ou du chiffre d’affaires. »

Au-delà de la valeur intrinsèque de l’entreprise, il faut estimer, séparément, la trésorerie hors exploitation et l’immobilier de l’entreprise. En ayant toujours en tête des changements probables de fiscalité, le retour de l’Impôt sur la fortune (ISF) ne pouvant être écarté.

NB : il existe d’autres méthode d’évaluation, comme la méthode dit « prospective » qui est plutôt anglo-saxonne (ou « discounted cash flow »), basée sur les possibilités de développement.

De gauche à droite : Rodolphe Lenoir (Impact Consultants) et Daniel Borja, lors de la convention des EdV Centre Est © LL

Le capital humain

La « juste mesure des éléments constitutifs de la valeur, notamment en matière d’EBE », revêt une importance capitale pour Daniel Borja. Les éléments de la garantie d’actif et de passif, aussi. Sans oublier, bien sûr, les équipes.

« Vos ressources humaines représentent le plus gros consommateur de votre EBE. Mais ce sont aussi votre plus grande valeur. La valeur de l’entreprise repose beaucoup sur l’humain. »

8 points de vigilance juridiques et sociaux

Daniel Borja liste plusieurs points d’attention juridique :

  • l’accord des associés et/ou actionnaires,
  • le sort du bail et de l’actif immobilier,
  • les transferts de contrat (intuitu personae),
  • les cautions et garanties données.

« Les principaux litiges, que l’on retrouve dans les tribunaux de commerce, concernent les associés, les actionnaires. » D’où l’intérêt de parler de transmission en amont, puis d’écrire un Pacte d’associés.

Sur le plan social, quatre points de vigilance aussi :

  • informer au préalable le personnel,
  • conserver les personnes clés et communiquer efficacement,
  • évaluer les indemnités de fin de carrière,
  • évaluer les passifs sociaux (litiges prud’hommaux, RTT, congés payés avec maladie).

Des aides fiscales pour le vendeur et l’acheteur

Plusieurs avantages fiscaux existent, mais ils pourraient être rabotés dans les prochains mois, par la loi de finances 2025.

Parmi ces dispositifs figurent l’exonération des plus-values pour cession d’un fonds de commerce ou d’une branche d’activité de moins de 500 000 euros (et dégressif entre 500 000€ et 1M€). Mais également l’abattement sur la plus-value en cas de départ à la retraite (jusqu’à 500 000 euros). Du côté des acheteurs, la loi de finances pour 2022 admet, par dérogation, la déduction fiscale de l’amortissement sur 10 ans des fonds commerciaux acquis entre 2022 et 2025.

« Si vous préparez bien, les choses ne devraient pas mal se passer au niveau des impôts », souligne Daniel Borja, avant de citer quatre grandes aides générales à la transmission : la donation, le Pacte Dutreil, le démembrement, le « family buy out » (FBO). A noter toutefois que les conditions du Pacte Dutreil pourraient se durcir dès le projet de loi de finances pour 2025.

Règle d’or : anticiper

Comment se préparer pour une bonne transmission ? « 400 000 entreprises sont en cours de transmission en France » notamment lors d’un départ à la retraite. « Si on s’y prend bien, cela se déroule bien. »

Selon Daniel Borja, il est important de s’y préparer pas moins de 3 à 5 ans à l’avance. Et de faire, le cas échéant, un audit préalable selon la matrice SWOT, « comme vous l’avez fait quand vous avez créé votre entreprise ». Il convier alors de bien recenser l’ensemble des contrats en cours.

*SWOT, l’acronyme des mots anglais strengths, weaknesses, opportunities et threats (forces, faiblesses, opportunités et menaces). 

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