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Tourisme au Bénin : chronique d’une révolution annoncée

Avec l’arrivée du Club Med et de nombreuses autres infrastructures touristiques d’ici deux ans, le Bénin veut voir grand pour son tourisme et vise, au minimum, les deux millions de touristes internationaux d’ici 2030.

« On part de loin ! », lance Claude Blanc. Pas de quoi décourager le Bénin cependant, cette destination encore émergente affiche de grandes ambitions pour son tourisme. A l’horizon 2030, le pays veut franchir la barre des deux millions de touristes internationaux. Contre 120000 en 2023.

Ce tournant stratégique, le pays s’y prépare depuis plusieurs années. Dès son arrivée au pouvoir, en 2016, le président Talon a établi une feuille de route pour stimuler les investissements à l’horizon 2030. Avec un titre qui sonne comme un manifeste, « le Bénin révélé », ce programme érige le tourisme comme l’un des socles de développement économique et social du pays.

Club Med, Sofitel… les grandes marques s’installent au Bénin

Preuve que le secteur bénéficie d’une attention particulière, Bénin Tourisme, l’agence de développement touristique de la destination, est directement rattachée à la présidence. Passé par Saudi Tourism Authority, Claude Blanc a récemment rejoint la structure, créée il y a deux ans, pour promouvoir la destination et assurer sa commercialisation à l’international.

L’implantation imminente de grandes enseignes internationales devraient grandement lui faciliter la tâche. Pour s’offrir une nouvelle image sur la scène touristique, le Bénin mise gros sur l’arrivée du Club Med. Le futur resort d’Avlékété, à Cotonou, accueillera ses premiers vacanciers en 2026. Son arrivée est d’autant plus attendue que le Club amène avec lui son expertise dans la gestion des resorts, ainsi que sa capacité à attirer une clientèle internationale. Et des emplois. Ce nouveau resort devrait permettre la création de 450 emplois directs, et autant d’indirects.

Dès septembre, un gros porteur, le Sofitel Cotonou Marina Hotel & Spa, prendra également du service. Derrière la silhouette avant-gardiste de ce luxueux 5-étoiles se dressera le plus grand centre de conventions hôtelier de la ville. L’établissement comprendra également un spa de 1000 mètres carrés ainsi qu’un complexe culturel et de loisirs réunissant cinéma, casino, discothèque… L’arrivée de ces enseignes internationales est un marqueur fort pour la destination. Et d’autres noms bien connus de l’hôtellerie ont également prévu de s’implanter dans ce pays de 14 millions d’habitants.

Quatre musées en cours de construction

« Le Bénin est un pays qui attire les investisseurs, car il a l’une des meilleures notes du continent africain dans ce domaine », analysait début mai Claude Blanc. Quelques jours plus tôt, l’agence de notation Standard & Poor’s « S&P » a rehaussé la notation de crédit du Bénin de « B+ » à « BB- » avec une perspective « stable ». Ces dernières années, le pays a obtenu des aides de l’Union européenne du FMI et de la banque mondiale pour développer ses investissements, notamment dans le tourisme, ajoute Claude Blanc. 

En travaux depuis plusieurs années déjà, l’aéroport Cardinal-Bernardin-Gantin se modernise. Quatorze compagnies internationales desservent Cotonou, auxquelles s’ajoutent les compagnies africaines. Ce n’est visiblement pas fini : des low cost s’intéressent de près à la destination.

De quoi faire décoller la fréquentation touristique, en s’appuyant, aussi, sur la restructuration de l’offre. Au total, douze projets phares ont été identifiés par le gouvernement dans le cadre du programme « Bénin révélé ». Le chantier est gigantesque : quatre musées sortiront de terre dans les prochaines années pour mieux faire connaître la culture et l’héritage historique du pays. Un Musée international des arts et civilisations vaudou verra ainsi le jour à Porto Novo.

Une image à bâtir pour la destination

Sont également annoncés le Musée international de la mémoire et de l’esclavage (Mime), un musée d’art contemporain ainsi que le MuRAD (Musée des Rois et des Amazones du Danxomè), sur le site des palais royaux d’Abomey, dont l’ouverture est annoncée pour 2025. « Nous allons pouvoir capitaliser sur ces quatre pôles touristiques d’avenir pour le Bénin en termes d’activités, d’événements et de communication », expose Claude Blanc. Le pays aspire également à développer le tourisme gastronomique autour des traditions culinaires béninoises, en développant des festivals ou des itinéraires spéciaux.

Au-delà de l’offre, c’est l’image de la destination qu’il faut construire, tout en affirmant un positionnement. Car si des poids lourds de l’hébergement font leur arrivée, cela ne signifie pas pour autant que la destination compte développer un tourisme de masse, prévient Claude Blanc, pour qui « cette destination est réservée à des voyageurs avisés ». Des voyageurs prêts à faire le vaccin contre la fièvre jaune, obligatoire pour entrer dans le pays, mais aussi à débourser entre 700 et 1000 euros par personne, selon la saison, pour le billet d’avion. « Le Bénin n’est pas une destination familiale aujourd’hui, c’est plutôt une destination pour le tourisme individuel ou de petits groupes d’amis qui cherchent un peu l’aventure, le dépaysement, l’Afrique authentique. Pour moi, ce pays, c’est vraiment une Afrique miniature. »

Bénin Tourisme a défini dix marchés cibles, dont la France. Un bureau de représentation de la destination doit d’ailleurs ouvrir dans l’Hexagone. « Nous allons être davantage présents sur les salons et certains événements, nous prévoyons aussi de mener des actions pour former les agents de voyages par le biais d’éductours », détaille Claude Blanc. Le président du Bénin vient de valider une marque de destination, une campagne de communication internationale est en préparation. Mais pas encore sur la rampe de lancement. « Il est encore trop tôt pour communiquer massivement en BtoC. Pour le moment, nous construisons ce nouveau positionnement en travaillant avec les professionnels du secteur. »

Cap sur 2026

Le Bénin n’est pas le seul pays d’Afrique à parier ainsi sur le tourisme. Certains ont une longueur d’avance. « Le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal sont des vrais concurrents, reconnaît Claude Blanc. Mais je trouve cela plutôt sain. Et puis je crois beaucoup au développement des combinés Afrique de l’Ouest dans l’avenir. Quand un voyageur se rend en Afrique, il a souvent envie de conjuguer des expériences variées. Cette région du monde s’y prête parfaitement. On peut s’attendre à ce que cela crée une certaine émulation, une appétence pour l’Afrique de l’Ouest », pense-t-il.

D’autres pays tels que le Rwanda, le Ghana, le Nigéria se développent, communiquent, se structurent, relève Claude Blanc. « Même si, à l’instar du Nigéria, ils peuvent être confrontés à d’autres défis en termes d’image ou de sécurité, ils bénéficient d’un fort rayonnement grâce à des mouvements culturels comme l’Afrobeat, par exemple, ou à une véritable effervescence autour de l’art contemporain, du cinéma… Tout cela créé un buzz plutôt positif à l’égard des pays africains », estime-t-il.

Pour le Bénin, l’objectif est de se lancer véritablement à l’assaut du marché international à l’horizon 2026. Le temps que les principales infrastructures touristiques soient construites. « Je pense que d’ici là, il va se passer des choses très positives à l’échelle du continent. Il y a toute une ribambelle de jeunes qui créent des start-up. Ils ont fait leurs études dans les meilleures universités internationales et reviennent au pays avec des projets, trouvent des investisseurs,  les soutiens politiques et lancent leur business. Je suis plutôt confiant à l’égard de cette nouvelle génération.  Il y a un énorme potentiel et cette jeunesse est prête à le porter. »

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