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SkyTeam relance la bataille de l’Atlantique

L’entrée de Continental et Northwest, dans le sillage de KLM, place SkyTeam en position de force sur les lignes transatlantiques. En face, les autres transporteurs américains sont à la peine.

SkyTeam vient de jouer un coup de maître sur l’échiquier mondial du transport aérien. Réunie à New York le 13 septembre, l’alliance rassemblée autour d’Air France et Delta a fait d’une pierre trois coups en accueillant en son sein la compagnie néerlandaise KLM, mais aussi ses partenaires américaines Northwest et Continental. Ironie du sort : en 1999, Air France, alors partenaire de Delta et Continental, avait dû abandonner la seconde pour mieux se rapprocher de la première en créant SkyTeam.

Grâce à cette triple entrée, l’alliance récupère dix nouveaux aéroports de transit et 141 destinations supplémentaires. Elle propose désormais 14 320 vols quotidiens vers 658 destinations, pour un trafic cumulé de 341,4 millions de passagers annuels. La réciprocité des programmes de fidélisation, effective depuis le 15 septembre, est la première manifestation de ce coup de force. Les passagers peuvent cumuler des miles sur l’ensemble des réseaux des neuf compagnies membres*, et les échanger contre des billets gratuits chez chacun des transporteurs. De leur côté, les voyageurs d’affaires ont accès à l’ensemble des 390 salons.

Lorsque nous avons lancé SkyTeam en juin 2000, nous étions la dernière alliance et donc la plus petite, mais aujourd’hui, avec l’entrée de trois transporteurs majeurs, nous devenons le leader incontestable en Europe, et pour les routes de l’Atlantique Nord, se réjouit Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France.

Le joint-venture total pour l’instant impossible

En effet, selon des chiffres publiés par Star Alliance (l’alliance concurrente regroupée autour de Lufthansa et United), SkyTeam détient maintenant 31 % des capacités en sièges entre l’Europe et l’Amérique du Nord, contre 25 % pour Star Alliance.

Concrètement, Continental et Northwest renforcent les correspondances de SkyTeam vers toute la côte Est américaine, le Canada, l’Amérique latine et les Caraïbes, via les hubs de Detroit et Minneapolis (Northwest) ou ceux de Houston et New York/Newark (Continental). Par ailleurs, l’alliance bénéficie de l’accord de codeshare à grande échelle signé en avril 2003 entre Delta, Continental et Northwest pour les vols américains, ce qui démultiplie ses débouchés aux Etats-Unis.

Pour faire jouer à plein son avantage concurrentiel, SkyTeam, dont quatre membres détiennent l’immunité antitrust depuis janvier 2002 pour les lignes transatlantiques (Air France, Alitalia, CSA et Delta), va devoir en demander l’extension à Northwest et Continental. Seule cette autorisation, donnée par les autorités américaines, pourra permettre aux compagnies d’harmoniser leurs tarifs, leurs politiques commerciales et de distribution.

L’intégration maximale possible pour l’instant reste donc la possibilité de créer des guichets de vente communs, sans aller jusqu’au joint-venture total comme c’est par exemple le cas en France, où KLM représente Northwest. De même, concernant les politiques de rémunération aux agences de voyages, aucune entente n’est encore possible. Même si rien n’empêche Delta, Continental ou Northwest de passer à la commission zéro en France lorsqu’elles le souhaiteront. Je reste raisonnablement confiant sur le fait que nous obtenions rapidement cette extension d’immunité, considère Doug Steenland, PDG de Northwest.

Les compagnies américaines dans une mauvaise passe

L’immunité antitrust est d’autant plus importante qu’aux Etats-Unis, les deux compagnies américaines connaissent une situation difficile sur leur marché intérieur. Tout comme leurs consoeurs traditionnelles, elles sont très concurrencées par les low cost (Southwest, Jet Blue, Frontier ou Air Tran) qui gagnent des parts de marché. Avec, de surcroît, la crise générée par les attentats du 11 septembre et la hausse du pétrole, elles sont toutes confrontées à une conjoncture très défavorable.

US Airways, a ainsi de nouveau déposé son bilan le 12 septembre, deux ans après avoir demandé une première fois un placement sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, et pourrait cette fois-ci ne pas s’en relever. Autre compagnie en péril : Delta traverse une crise financière sans précédent et se restructure à marche forcée.

La carte de l’international, un choix par défaut

Chez Star Alliance, United peine elle aussi à sortir du chapitre 11 et s’est engagée dans un vaste plan de réduction de coûts. Dans ce contexte, les transporteurs américains n’ont donc d’autre choix que de jouer la carte de l’international.

Par chance, après trois années difficiles, le trafic renoue enfin avec la croissance sur les lignes transatlantiques, en particulier au départ de Paris. L’été a été excellent. Nous avons enregistré des taux de remplissage de 88 % vers Boston, 85 % vers Chicago et Miami, et 86 % vers New York. En classe économique, le yield management a fonctionné pleinement et nous avons même atteint des pointes à 95 % de remplissage, avec seulement un ou deux sièges vacants dans les avions, se félicite Jacques Alonso, DG France d’American Airlines.

Comme toutes ses consoeurs, la première compagnie américaine a fortement réduit la voilure. Avant le 11 Septembre, nous opérions dix vols entre la France et les Etats-Unis, alors que nous sommes à sept actuellement à sept l’été et cinq l’hiver , poursuit Jacques Alonso. Soit au minimum une réduction de 30 % de capacités ! Reste qu’American Airlines est un des seuls transporteurs américains à tirer son épingle du jeu, malgré l’absence d’immunité antitrust avec British Airways, sa partenaire de l’alliance Oneworld.

United, de son côté, a supprimé un vol quotidien vers Los Angeles et un autre vers Washington entre l’été 2001 et l’été 2004 mais constate aussi un retour des passagers. Entre la France et les Etats-Unis, le trafic a augmenté de 20 % en août, avec un coefficient de 90 % en moyenne, explique Gilles Talec, directeur général France de United. Delta, quant à elle, est bien heureuse de pouvoir encore s’appuyer sur son accord de codeshare avec Air France vers New York, Atlanta et Cincinnati.

La compagnie française a profité de ces déboires pour accroître ses parts de marché sur l’axe transatlantique depuis 2000. Et ce n’est pas fini. Nous ne sommes pas encore engagés sur un calendrier précis mais nous étudions la possibilité de lancer prochainement un vol Lyon-New York, explique Jean-Cyril Spinetta. Dans le passé, American Airlines et Delta s’y sont cassé les dents. Ce projet, idéal pour capter encore un peu plus la clientèle haute contribution, prouve combien, au moment où les cartes se redistribuent, les liaisons transatlantiques restent l’enjeu majeur du transport aérien.

*Les compagnies membres de SkyTeam sont : Aeromexico, Air France, KLM, Delta, Alitalia, CSA, Korean Air, Northwest, Continental.

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