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Pourquoi Okko Hotels fait une croix sur les hôtels d’aéroport

C’est une décision forte, et plutôt à contre-courant. Okko Hotels renonce aux hôtels d’aéroport, nous explique en interview Solenne Ojea-Devys, la directrice générale de cette entreprise à mission.

L’Echo touristique : Okko disposait de 13 hôtels en 2023, 14 en 2024. Comment comptez-vous doubler de taille en 2030, tel que vous l’annoncez ?

Solenne Ojea-Devys : Nous avons ouvert 15 hôtels en l’espace de 10 ans, quasiment tous en construction neuve. Le 15e est en cours de construction, il ouvrira en 2025 à Troyes, qui est très dynamique au niveau économique et touristique. Nous sommes dans de grandes villes françaises. Nous nous intéressons désormais à des villes secondaires comme Troyes. D’autres villes moyennes ont besoin d’un 4 étoiles lifestyle, nous en sommes convaincus. L’autre levier de croissance, c’est notre contrat de franchise que nous développons depuis un an. Jusqu’à maintenant, nous étions en filiale ou en contrat de management. Et nous regardons aussi, de plus en plus, le rachat d’actifs immobiliers existants, qu’ils soient déjà hôteliers ou susceptibles d’être transformés en hôtels. Nous aimerions effectivement avoir 30 hôtels ouverts et sécurisés en 2030.

Nous recevons chaque mois plus de 1500 CV.

Il existe de nombreuses franchises. En quoi Okko Hotels peut-il être différent ?

Solenne Ojea-Devys : Nous voyons beaucoup de franchisés pas très contents. Nous, nous demandons des fees moins élevés que les grands groupes, avec des prétentions moindres. Et nous avons travaillé fort sur deux volets intéressants : le volet de la RSE, à l’heure où de nombreux hôteliers se demandent comment s’organiser sur le sujet. Pour nous, c’est une seule et même stratégie intégrée à notre modèle économique puisque nous sommes une entreprise à mission. Nous donnons ainsi une longueur d’avance aux hôteliers en partageant notre savoir-faire. Le deuxième volet qui nous distingue concerne les ressources humaines. Nous sommes une marque employeur qui attire les jeunes diplômés. Nous recevons chaque mois plus de 1500 CV. La marque est jeune, elle fait partie des marques lifestyle portant de vrais engagements. Le fait que nous ne soyons pas un grand groupe, mais juste une grosse PME familiale, nous donne une image d’accessibilité.

Pourquoi avez-vous choisi d’être entreprise à mission, ce qui est donc inscrit dans vos statuts ? Aviez-vous envisagé un label, à la place, comme B Corp qui est plus international ?

Solenne Ojea-Devys : Cela nous a plu de ne pas rentrer dans un référentiel avec des cocher. Avec le principe de l’entreprise à mission, l’entreprise fixe son propre cap et se pose ainsi les questions portant sur sa différenciation. Si l’actionnariat change, les statuts restent. C’est un gage de la pérennisation de l’engagement familial. Il y a aussi une forme de rigueur : nous sommes audités tous les deux ans par un organisme indépendant. Nous avons par ailleurs un comité de mission, un peu comme des administrateurs. B Corp est effectivement connu du grand public, mais avec une dimension très américain.

Dans les entreprises à mission, en France, vous avez des profils particulièrement différents, pas tous convaincants. Certains ne le font-ils pas surtout pour l’image ?

Solenne Ojea-Devys : Je pense qu’au moins 90% des entreprises à mission sont totalement convaincues et engagées. Comme dans les labels, il existe sans doute un peu d’opportunisme pour saupoudrer plein d’actions. Nous, nous sommes totalement alignés avec nos valeurs. Par exemple, désormais, nous ne voulons plus d’hôtels dans des zones aéroportuaires, pour ne pas alourdir notre bilan carbone Scope 3 avec les vols des clients. Ce renoncement sidère certains confrères hôteliers. Ma vision, c’est que la mission doit servir à transformer le modèle d’affaires.

Okko Hotels pourrait effectivement s’implanter dans de grandes villes européennes, en Espagne, en Italie et à Londres.

Quels sont les chiffres clés d’Okko Hotels ?

Solenne Ojea-Devys : Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 58 millions d’euros en 2023, contre 44 millions l’année précédente. L’exercice 2024 sera en croissance à périmètre constant. Mais ce n’est pas une année extraordinaire. La période précédant les Jeux olympiques n’a pas été porteuse, pour l’ensemble du secteur hôtelier. Ma famille – nous sommes 6 avec mon père-fondateur – possédons 25% du capital. La famille Dubrule, 25%. Crédit Mutuel Equity 31%, et Eurazeo 16%.

Envisagez-vous une levée de fonds ?

Solenne Ojea-Devys : Non. Nous avons réalisé une augmentation de capital à la sortie du Covid, pour reconstituer nos fonds propres et assainir notre situation financière. Nous finissons de rembourser notre PGE et nous ne possédons pas les murs de nos hôtels. 

Okko est plutôt une marque assez citadine. Comptez-vous toujours vous développer en dehors des villes, et également à l ‘étranger ?

Solenne Ojea-Devys : Okko Hotels pourrait effectivement s’implanter dans de grandes villes européennes, en Espagne, en Italie et à Londres. En parallèle, nous réfléchissons à plus long terme à d’autres concepts qui ne seraient pas urbains.

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