Montagne : la fréquentation en hausse de 5% pour les vacances de Noël
Malgré les préoccupations environnementales, « l’engouement pour le ski à la montagne ne se dément pas » selon Jean-Luc Boch, le président de France Montagnes.
Alors que les stations de Tignes, Val Thorens ou Val d’Isère ouvrent le 22 novembre, l’Observatoire national des stations de montagne annonce un taux d’occupation pour le début de la saison hiver 2024-2025 en hausse de 5% par rapport à 2023. « Même s’il existe une disparité entre les stations, les altitudes, et les versants, on peut saluer ce chiffre au regard de l’hiver dernier qui était déjà exceptionnel. Cela signifie qu’il existe encore un vrai engouement pour le ski en montagne », estime Jean-Luc Boch, président de France Montagnes et de l’Association nationales des maires de stations de montagne (ANMSM).
« Le juste chemin climatique »
Les taux d’occupation sont bien sûr amenés à évoluer en fonction de l’enneigement et des conditions météorologiques. Le degré d’enneigement constitue une source d’inquiétude pour les années à venir. « Entre ceux qui pensent que le ski est mort demain et ceux qui disent que tout va bien se passer, il y a un juste chemin climatique », résume Carlo Carmagnola, chercheur et formateur en nivologie qui parle « en moyenne d’un mois d’enneigement perdu dans les Alpes depuis 1966 ».
Selon le spécialiste, s’appuyant sur une étude Climsnow (un consortium rassemblant Météo France, l’Inrae et Abest Horizons-Dianeige), il sera cependant toujours possible de « pratiquer du ski dans les prochaines décennies ». Une vision qui va à l’encontre d’une étude du Centre national d’études spatiales (CNES) qui elle prétend qu’en Europe « plus de 50% des stations de ski ne pourront donc plus ouvrir en 2050, et pratiquement 100% à la fin du siècle ».
Les études Climsnow, « un outil de gouvernance »
« Ces études Climsnow sont des données scientifiques précises sur lesquelles on s’appuie dans nos domaines et nos stations, piste par piste, depuis plusieurs années. C’est un outil de gouvernance qui n’occulte en rien le changement climatique », affirme Anne Marty, présidente de Domaines skiables de France (DSF), soucieuse aussi de la « courbe du volume sonore des rires d’enfants dans les écoles de nos villages et vallées ». « Sans l’économie du ski, ces cours d’écoles vont se vider et se fermer. Le ski permet à des territoires entiers de vivre et de vivre bien » estime-t-elle.
« Si on parvient à stabiliser le réchauffement climatique à horizon 2050, 80% de nos 250 stations proposeront encore du ski en 2050, et même à la fin du siècle », affirme Yves Dimier, vice-président de DSF qui s’appuie lui aussi sur les données Climsnow. Autre sujet épineux : la gestion de l’eau qui sert notamment à produire la neige de culture.
Après avoir taclé la SNCF, Jean-Luc Boch est monté une nouvelle fois au créneau. « En France, le volume d’eau neige de culture, c’est 25 millions de m3. Le volume de fuite sur les réseaux d’eau potable, c’est 1,34 milliard de m3 d’eau. Autrement dit, avec une année de fuite d’eau du réseau d’eau français qui ne sert à personne, on produit de la neige pendant 50 ans ».
Pour le président de France Montagnes et de l’ANMSM, « nous les montagnards, contrairement à d’autres, nous savons que nous ne sommes pas parfaits. Nous savons que nous avons des défauts. C’est un gros avantage parce que nous on ne ment pas ». Ambiance.