Martinique : les hôteliers inquiets malgré la levée du couvre-feu
Confrontés au mouvement contre la vie chère en Martinique, des hôteliers membres de l’Umih sont venus à Paris pour exprimer leurs inquiétudes concernant l’hiver, leur haute saison. Et tenter de rassurer les métropolitains.
Alors que le couvre-feu a été levé mardi 5 novembre, des hôteliers présents sur le stand de l’Umih au salon EquipHotel ont fait un point sur la situation de l’île caribéenne. « Nous sommes inquiets, il y a une perte de visibilité sur la saison », affirme Patrick Fournet, propriétaire de l’Hôtel Suite Villa, un 5* sur la commune des Trois Îlets.
Impossible de mesurer l’impact
L’inquiétude est d’autant plus palpable que la haute saison qui débute en décembre approche à grand pas. « Impossible de mesurer quel sera l’impact de ce mouvement (contre la vie chère) sur notre activité. On espère qu’il sera limité » poursuit celui qui est aussi le président de la branche hôtellerie de l’Umih en Martinique, rassemblant 26 établissements.
Sur place, la mobilisation initiée par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) n’est pas terminée. Des responsables en déplacement à Paris appellent d’ailleurs à poursuivre le mouvement en Martinique. Un sentiment d’inabouti habite toujours les esprits, car les prix demeurent toujours aussi élevés dans l’île, en particulier sur les produits alimentaires. Des personnalités publiques apportent leur soutien au mouvement, comme l’indique ce jour un article de notre confrère France-Antilles.
« Les violences, en dehors des zones touristiques »
Mais Guy Ferdinand, à la tête de la résidence Madi-Créoles et du restaurant Le PetitBonum au Carbet, se montre catégorique : « la situation est complètement apaisée ». S’il considère le mouvement contre la vie chère « légitime », les violences engendrées sont pour lui le seul fait « d’une poignée d’individus, en dehors des zones touristiques ». Et circonscrites à quelques quartiers.
« Les touristes ne sont pas du tout impactés. Aucun client ne s’est plaint de la situation. Il y a un décalage total entre les images qu’on montre à la télévision et la réalité sur place », assure Patrick Fournet.
« Nous sommes prêts à accueillir nos visiteurs », proclame Guy Ferdinand. Le collectif d’hôteliers de l’Umih Martinique a aussi remis un billet d’avion au président du syndicat Thierry Marx afin qu’il vienne juger sur place de la « qualité de l’accueil et des infrastructures » sur l’île.
La taxe sur l’aérien, « injuste »
Du côté du Comité Martiniquais du Tourisme, on ne s’exprime pas pour le moment. Au grand dam des hôteliers qui aimeraient que l’organisme rassure l’opinion publique.
En attendant, une autre actualité complique la saison, l’augmentation de la taxe de solidarité. Le groupe Air France-KLM a pris la décision d’augmenter ses tarifs en l’intégrant, avant même son vote par le Parlement . « Cette taxe est injuste. On ne peut pas faire autrement que de prendre de l’avion. Nous demandons son exonération. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités » déclare le responsable de l’Umih Martinique.
S’ils n’ont pas de visibilité sur la saison à venir, les acteurs locaux du tourisme ne désespèrent pas, et parient sur la dernière minute. « S’il fait très froid en métropole, les gens vont venir », sourit Guy Ferdinand. « Depuis deux ans, nous sommes habitués à gérer en dernière minute. Avant le Covid, les réservations s’effectuaient en moyenne trois mois avant le départ. Après le Covid, c’est la semaine qui précède, et parfois seulement deux jours avant », constate de son côté Patrick Fournet.
En 2023, la Martinique a accueilli un peu plus d’un million de visiteurs incluant les croisiéristes.