[L’ÉDITO DE LINDA] Tourisme durable : quand la France rétropédale
La France veut décarboner son économie et son activité touristique. Mais elle a bien du mal à tenir certains de ses engagements…
Le plan vélo se dégonfle, son budget est raboté. Le projet de loi de finances 2025 ne prévoit que 100 millions d’euros en crédits de paiement, et est exempt d’autorisation d’engagement.
Pourtant, l’ex-Première ministre Elisabeth Borne s’était engagée sur deux milliards d’euros de financement jusqu’en 2027, pour aider les collectivités à développer des infrastructures dédiées aux deux roues.
Pourtant, le Plan Destination France, présenté en 2021 par Jean Castex, à l’époque Premier ministre, était catégorique. « Le gouvernement souhaite faire de la France la 1re destination pour le tourisme durable en 2030 et la 1re destination vélotouristique, à la même échéance »…
Et pourtant, souligne l’Ademe, « pour être aligné avec l’Accord de Paris, le secteur du tourisme doit réduire ses émissions de GES de 40% à 50% en absolu d’ici 2030, par rapport à 2008 ».
Malgré tout, donc, le plan vélo est raboté, pour des questions budgétaires. C’est ce qu’a souligné le 5 novembre Caroline Mignon, la présidente des Acteurs du tourisme durable, en ouverture de ses Universités à Bordeaux. Juste avant de laisser son micro et la tribune à la ministre déléguée à l’Economie du Tourisme Marina Ferrari.
Or, curieusement, la ministre a notamment insisté sur les vertus du vélo dans le tourisme. « Notre pays a la chance d ‘avoir de nombreux atouts à faire valoir et notamment en matière de vélotourisme. Vous savez que le vélotourisme représente déjà 5 milliards de retombées économiques directes et connaît une augmentation de plus de 50% en 10 ans. » Et Marina Ferrari a aussi rappelé que la France souhaitait devenir la première destination durable au monde. Comme la grande majorité des destinations dans le monde… Est-ce raisonnable ?
Dissonance cognitive
Il faut bien reconnaître que le dégonflement du plan vélo, la ministre en charge du Tourisme n’y est pour rien. C’est un dossier du ministère des Transports. Mais valoriser le cyclotourisme face aux institutionnels du tourisme alors que le gouvernement ne tient pas ses promesses confine à la dissonance cognitive.
Toutefois, restons positifs : c’est une très bonne nouvelle que la ministre participe aux Universités du tourisme durable. Une première en 10 ans. Ce fut l’occasion, pour Marina Ferrari, d’évoquer plusieurs enjeux : le rapprochement Atout France/Business France bien, sûr, le tourisme durable et social ainsi que l’inclusivité. Sans oublier les enjeux des professionnels du secteur face au réchauffement climatique. L’élue d’Aix-les-Bains et ancienne vice-présidente du département de la Savoie sait de quoi il retourne, au regard des difficultés des stations de montagne.
« L’enjeu majeur de la décarbonation du secteur du tourisme concerne le transport qui représente plus des deux tiers des émissions des gaz à effet de serre, a-t-elle souligné. Alors à ce titre, je ne peux que féliciter l’initiative des séjours bas-carbone du CRT Nouvelle-Aquitaine. Vous y trouverez une offre de séjours clé en main accessibles sur toute la région en mobilité bas carbone : train, vélo, randonnée. »
Du nord au sud de la France, plusieurs territoires et socio-professionnels se bougent pour décarboner l’activité touristique. Dans les territoires, le tourisme durable se développe, pas à pas. Comme le dit la ministre d’ailleurs : « Au -delà de notre effort collectif pour réduire nos émissions, je suis convaincue que la transition du tourisme vers un modèle plus durable s’écrit avant tout au cœur des territoires et avec les territoires. » Enthousiasmant !
Linda Lainé, rédactrice en chef
@Linda_Laine