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[L’ÉDITO DE LINDA] Stopper Airbnb à Barcelone, la mauvaise bonne idée

Basta. Barcelone imite la position radicale de New York contre les locations saisonnières. Mais pourquoi ?

Barcelone, qui attire une trentaine de millions de visiteurs par an, annonce la couleur, prenant de court tout un écosystème créé autour de la location saisonnière. Selon la municipalité, les licences des appartements touristiques, renouvelées pour cinq ans en novembre, expireront naturellement en novembre 2028. Objectif : remettre 10000 logements sur le marché de la location longue durée ou de la vente.

La ville a effectivement connu une croissance, très rapide, des meublés touristiques. Trop rapide même, en l’absence d’une réglementation qui tarde toujours à se mettre en place. La plateforme Airbnb a eu le temps de séduire, dans une destination qui attire toute l’année. Rendant l’appât du gain intéressant, et plus lucratif que la location longue durée.

Espérons que les immeubles composés de locations saisonnières ne soient pas convertis, ici ou là, en hôtel.

Depuis plusieurs années, Barcelone a fini par élever le ton, à raison. La capitale de la Catalogne a instauré un plafond de 9000 à 10000 logements touristiques dans son plan d’urbanisme pour l’hébergement touristique (PEUAT). Les locations saisonnières ne peuvent déjà plus pousser comme des champignons. Leur nombre est quasiment gelé depuis 2014. Quand un meublé touristique ferme dans une zone « saturée », un autre peut uniquement ouvrir dans une « zone de croissance contenue ». Une approche tactique qui fait sens.

La construction de nouveaux hôtels, elle, reste soumise à des conditions strictes pour que l’offre n’augmente pas dans certaines zones sous tension, mais pas partout. Pourquoi ne pas conserver cette même stratégie ciblée pour les meublés touristiques ? Espérons que les immeubles composés de locations saisonnières ne soient pas convertis, ici ou là, en hôtel… Sinon, fini l’effet escompté à l’horizon 2029 – remettre des locations longue durée sur le marché.

Face à la crise du logement, la régulation semble pourtant la bonne voie. Bien meilleure qu’une interdiction.

Face à la crise du logement, la régulation semble la bonne voie à tracer. Bien meilleure qu’une interdiction susceptible, également, d’encourager l’essor de locations illégales.

Partout, en Espagne comme en France, la crise du logement devient une poudrière qui justifie des mesures fortes. Mais entre le tout permis et le tout interdit, il y a sans doute une solution médiane. Aux édiles le soin de trouver un point d’équilibre entre les locations saisonnières – qui permettent parfois d’entretenir et de rénover – et la location longue durée.

Dans cet esprit, l’île de Ré prend des mesures musclées de régulation des meublés de tourisme, afin de défendre le droit au logement. Les élus communautaires instaurent des quotas, mais pas d’interdiction. A l’échelle du territoire (10 communes), le plafond s’établit à 2781 meublés de tourisme. En outre, la mise en location de meublés touristiques devient limitée à deux logements sur toute l’île de Ré, par foyer fiscal ou par personne morale. Ce compromis permet aussi de préserver une partie de l’économie et des emplois (dans les services et la restauration) qui gravitent autour des locations saisonnières. Une approche qui me semble pleine de bon sens.

Linda Lainé, rédactrice en chef

@Linda_Laine

1 commentaire
  1. Anonyme dit

    Bonjour Mme Lainé,
    Plusieurs points me chagrinent dans votre analyse, que je vais vous détailler ci-dessous.
    D’abord, pour le contexte de ce commentaire, j’ai 44 ans, je suis le webmaster et propriétaire du site web contrat-location-vacances.fr et j’habite Saint Jean de Luz depuis toujours, sur la Côte Basque, région très fortement impactée par la location dite saisonnière.
    Premièrement à Barcelone nous parlons de sur-fréquentation touristique à ce niveau là, 30 millions de visiteurs comme vous le mentionnez, pour 1.6 millions d’habitants, et la population en est excédée. Qui plus est, cette manne ne profite qu’à un petit nombre de personnes, qui ne la redistribue pas vraiment sur place. Par contre ce sont bien les impôts de tous les barcelonais qui paient pour le nettoyage, les dégradations et l’entretien sans parler des nuisances constantes qu’ils subissent.
    Deuxièmement, à Saint Jean de Luz et sur plusieurs communes de la Côte Basque, une mesure de compensation (1 appartement en location à l’année pour 1 location saisonnière) a été mise en place pour limiter le nombre d’appartements mis en location saisonnière, ce qui est plutôt, selon moi, une bonne chose. Un suivi strict des municipalités a été mis en place pour traquer les contrevenants, mais cette mesure n’a pas permis, ni de faire baisser les loyers, ni aux travailleurs saisonniers de pouvoir revenir, et alors que vous mentionnez ici “… permet aussi de préserver une partie de l’économie et des emplois (dans les services et la restauration) qui gravitent autour des locations saisonnières.”, dans les faits ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. le problème de personnel, dont on ne parle pas beaucoup, qui ne peut plus se loger est tel, qu’il n’y a presque plus de personnel d’autres régions qui vient pour travailler. Pour illustrer, l’un des restaurant de ma commune faisant le plus de “couverts” a dû faire passer le plongeur à la cuisson des poissons faute de personnel ! Et c’est un employeur qui paie rubis sur l’ongle, qui fonctionne à la pointeuse, et qui est relativement connu, alors je vous laisse imaginer ce qu’il peut se produire dans les petits établissements. Les loyers sont trop chers compte tenu des salaires, l’offre beaucoup trop restreinte, et il n’y a plus suffisamment d’hébergement pour faire venir ces personnes d’autres régions qui n’ont pas envie de travailler seulement pour payer un loyer exorbitant ou vivre en mobil-home, lorsqu’ils le peuvent. Lors de mes 20 ans, ces travailleurs partaient en vacances en Asie avant de partir faire une saison d’hiver dans les alpes par exemple, maintenant ils ne peuvent même plus se loger. Voilà pourquoi je peux comprendre que Barcelone, après avoir tout tenté, selon « Les Echos » : “la méthode douce en appelant les propriétaires au bon sens, l’augmentation du nombre de contrôles municipaux pour traquer les irrégularités, l’application d’amendes aux montants dissuasifs, la limitation des autorisations dans les quartiers saturés et l’encouragement à déplacer les offres d’appartements vers des zones moins congestionnées” en arrive à une interdiction si ces différentes mesures n’ont pas résolu leurs problèmes. S’il en arrive à cette extrémité d’interdiction, c’est certainement parce que le problème est en conséquence extrême également, chose que vous n’avez pas l’air de vraiment prendre en compte dans votre article.
    Pour continuer, vous nous dites : “Espérons que les immeubles composés de locations saisonnières ne soient pas convertis, ici ou là, en hôtel.” J’ai envie de vous dire que les hôtels participent activement à la vie des communes, dont l’imposition est bien différente, et qui génèrent des emplois déclarés, beaucoup plus que les boîtes à clefs que nous trouvons dans nos rues.
    Enfin, nous commençons doucement aussi sur la Côte Basque à avoir les premiers travailleurs qui se logent dans leurs voitures, alors que des logements vides et loués 3 mois dans l’année pour une rentabilité équivalente, il y en a partout.
    Voilà, je voulais contrebalancer un peu votre article pour éclairer un peu ceux qui me liront. Je ne suis pas du tout contre les locations vacances, et permet à chaque propriétaire de générer leur contrat gratuitement, mais il y a vraiment encore à l’heure actuelle un juste milieu à trouver pour que cette méthode de location ne soit pas interdite partout dans les zones tendues dans un avenir proche, surtout si les méthodes barcelonnaise et new-yorkaise font leurs preuves. A San Sebastian, côte basque espagnole, 32% des logements sont commercialisées pour de la location vacances sur le site idealista.com contre 28% à Barcelone. Il n’y a pas que Barcelone …
    Jean.

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