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« Ponant peut réaliser un milliard d’euros de chiffre d’affaires » selon Hervé Gastinel

Dans une interview à L’Echo touristique, Hervé Gastinel, le président de Ponant, précise les ambitions de la compagnie, qui va boucler un exercice 2024 record.

L’Echo touristique : Ponant va boucler l’année avec un chiffre d’affaires supérieur à 500 millions d’euros. C’est conforme à vos objectifs ?

Hervé Gastinel : Nous avions prévu une croissance de notre activité de l’ordre de 10%, et c’est ce que nous avons réalisé. Donc oui, nous avons atteint nos objectifs pour 2024. C’est une année record pour Ponant, et une progression du chiffre d’affaires de plus de 50% par rapport à 2019, notre dernière année de référence. Cela prouve aussi que le marché de la croisière a retrouvé toute son ampleur en 2024. Et, si nous comparons nos résultats aux chiffres publiés par la Cruise lines international association (Clia), nous surperformons par rapport au marché.

Cette hausse s’explique par l’inflation ?

Hervé Gastinel : Nous avons passé la période d’inflation très marquée, en 2022 et 2023, pour revenir à une hausse des prix conformes à ce qu’on observe dans l’économie en général. Comme pour tous les voyages, le prix d’une croisière avec Ponant a augmenté par rapport à l’avant crise sanitaire. Mais ça n’est pas ce qui explique notre progression. Notre volume de clients est bien plus important qu’auparavant. C’est d’ailleurs ce qui nous rend optimistes : dès que cela a été possible, nous avons vu nos clients revenir, et de nouveaux arriver. Ils veulent s’offrir l’expérience Ponant. Et nos chiffres pour 2025 confirment cette perspective, avec une croissance du chiffre d’affaires de l’ordre de 13% attendue.

Quelle taille critique devrait attendre Ponant ?

Hervé Gastinel : Je pense que nous pouvons atteindre le milliard d’euros de chiffre d’affaires. C’est une taille critique qui nous permettrait d’investir plus massivement, de développer de nouveaux services et de rendre l’entreprise, qui est déjà rentable, bien plus profitable.

Pour y parvenir, comptez-vous construire de nouveaux bateaux afin d’augmenter votre capacité ?

Hervé Gastinel : C’est une des possibilités que nous envisageons. Nous pourrions commander de nouveaux bateaux ou procéder à des acquisitions pour aller chercher de la croissance externe. Nous voulons aussi diversifier nos activités. Je suis convaincu que nous pouvons étendre la marque Ponant sur terre. Cela passerait, par exemple, par des activités de tour-operating, avec une proposition de séjours pré ou post-croisières. Nous devons aussi avoir un outil technologique qui nous permet de faire du package dynamique, ce qui n’est pas encore le cas. Mais nous y travaillons.

C’est un outil qui ciblerait plutôt une clientèle B2C ?

Hervé Gastinel : Il permettrait d’offrir un lieu d’achat unique à nos clients B2C. Ce qui ne change en rien le partenariat très fructueux que nous entretenons avec les agents de voyages. La troisième édition du Séminaire en mer (événement pendant lequel a été réalisé cette interview, NDLR) en est une preuve concrète, avec 110 partenaires de la distribution invités à bord. Leur expertise, leur savoir-faire mais aussi les services qu’ils apportent à leurs clients sont très précieux pour Ponant. Nous vendons un produit complexe et cher, avec un budget moyen compris entre 7 et 10 000 euros par passager. Beaucoup de voyageurs ont besoin de cette relation de proximité avec leur agent de voyages, qu’ils ont nouée parfois depuis plusieurs décennies. Nous avons besoin d’un acte de vente expert et ils sont en capacité de nous l’apporter.

La croissance pourrait aussi passer par les croisières en catamaran ?

Hervé Gastinel : C’est un levier qu’on pourrait activer. Nous venons de conclure un été test avec le Spirit of Ponant en Méditerranée. Cela a été un succès commercial énorme, alors même que nous avons lancé les ventes très tardivement, et que l’affrètement du bateau pour une semaine dépasse les 100 000 euros. Mais, quasiment en dernière minute, nous avons trouvé des clients pour investir un tel budget dans ce produit. Et 80% des clients du Spirit of Ponant étaient de nouveaux clients pour nous. Ce sont des habitués de l’univers du yachting ou du nautisme qui, pour la première fois, ont mis un pied dans l’univers Ponant.

Idéalement, combien de bateaux compterait cette flotte de catamarans Ponant ?

Hervé Gastinel : Avec une demi-douzaine de catamarans, nous serions en mesure d’opérer des croisières dans les zones incontournables du nautisme et du yachting. Cet hiver, le Spirit of Ponant sera aux Seychelles. Nous pourrions y positionner un bateau toute l’année par exemple. C’est vraiment une perspective intéressante, qui attire un autre public, plus familial, à la recherche d’expériences plus customisées. Il y a un vrai marché à créer sur ce segment de la croisière.

Ponant, c’est aussi le Commandant Charcot, un navire qui obtient de très bons taux de satisfaction, et que vous vendez deux fois plus cher. Cela vous donne-t-il envie d’en construire un deuxième ?

Hervé Gastinel : C’est un bateau magnifique qui opère dans des destinations incroyables. Mais nous voulons que tout ça conserve son caractère de rareté. On ne doit pas banaliser les voyages dans des destinations fragiles, et on ne doit pas être de ceux qui seraient tentés d’amener trop de tourisme dans ces endroits. Une croisière sur le Commandant Charcot, c’est un voyage exceptionnel qu’on ne réalise qu’une fois dans sa vie. Et cela doit le rester.

L’an dernier, vous avez dévoilé un projet de voilier neutre en carbone qui pourrait naviguer en 2030. Vous tiendrez les délais ?

Hervé Gastinel : Ce projet concentre beaucoup de nos efforts industriels. Et il avance bien, conforme au calendrier prévisionnel. Ce futur navire est désormais techniquement prêt. Il vient d’obtenir les dernières certifications exigées et attribuées par le cabinet Bureau Veritas. C’est la fin de la première phase de son développement. Nous sommes désormais occupés à réaliser la deuxième phase, à savoir définir quel design habillera le navire. Ensuite, nous pourrons entrer dans la troisième et dernière phase, celle de la construction, qui prendra entre 3 et 4 ans.

Comment vous développez-vous à l’étranger ?

Hervé Gastinel : Ponant compte déjà une clientèle très internationale, avec 40% de passagers originaires d’Europe, 40% d’Amérique du Nord et 20% de la zone Asie-Pacifique. Contrairement à ce que l’on pense, ça n’est pas spécialement la francophonie – nous proposons d’ailleurs de nombreux départs anglophones – que les clients viennent chercher, mais plutôt cette capacité d’accueillir une clientèle internationale avec ce service à la française. C’est quelque chose que seul Ponant propose sur le marché international. D’ailleurs, je n’identifie pas de concurrent frontal. Sur certains segments ou certains marchés, nous avons de la concurrence. Mais il n’y a aucune compagnie qui a la même envergure et la même diversité d’offre que nous. 

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