Elections : le secteur du tourisme n’est pas inquiet pour l’image de la France
A la veille des Jeux olympiques, les élections législatives et la poussée du RN ne devraient avoir que peu d’effet sur la venue des touristes étrangers en France, selon les professionnels du secteur.
L’instabilité politique de la France va-t-elle refroidir les touristes étrangers de passer l’été dans l’Hexagone ? Pas plus que ça, répondent plusieurs professionnels du secteur interrogés. En effet, les touristes étrangers sont « sensibles à la sécurité des biens et des personnes », explique Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, plus qu’aux questions de politique intérieure.
« Les résultats électoraux, ce n’est pas ce qui va jouer de façon fondamentale » sur la venue de touristes étrangers, selon lui, même s’il est encore trop tôt pour chiffrer un éventuel impact. « Ce qui peut jouer c’est si ce climat d’incertitude génère un climat de tension, des violences, des blocages… », ajoute le spécialiste. Les élections législatives sont prévues les 30 juin et 7 juillet alors que les Jeux olympiques de Paris, où sont attendus 15,3 millions de visiteurs dont 2 millions d’étrangers, débutent le 26 juillet.
Les résultats électoraux « n’inversent pas la tendance du marché »
« Je ne vois pas dans les mois qui viennent d’impact sur les flux touristiques », confirme Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, cercle de réflexion regroupant des grandes entreprises du secteur (Accor, Disneyland, ADP, Compagnie des Alpes…). « Quel que soit le gouvernement nommé, les pouvoirs publics feront en sorte que pour l’été, les Jeux olympiques soient une réussite », selon lui. « Pour les JO, l’essentiel du travail a été fait en amont. Toutes les problématiques de sécurité, le transport, la gestion des flux, les sites, tout cela a été anticipé et est prêt », souligne-t-il.
Les résultats électoraux « n’inversent pas la tendance du marché » qui, avec les Jeux olympiques, est plutôt à la hausse, assure de son côté Vanguelis Panayotis, président du cabinet de conseil MKG consulting. « Ils vont peut-être réduire l’attrait auprès de certains publics sensibles à ces critères mais il n’y a pas d’annulations massives », selon lui. » C’est beaucoup plus sensible quand on bascule en risque attentat comme il y a quelques mois » explique Vanguelis Panayotis. « Pour l’instant il s’agit surtout de sujets politiques », selon lui.
« Les gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites, cela envoie des images où les gens font un pas en arrière et choisissent Portofino (en Italie) plutôt que Saint Tropez », selon le président de MKG Consulting. Lors de la crise des « gilets jaunes », au premier trimestre 2019, avec une baisse de 4,8% de la fréquentation hôtelière des visiteurs étrangers et lors des émeutes de juin 2023 suite à la mort de Nahel, abattu par un policier en région parisienne, les hôteliers « subissaient une vague d’annulation de leurs réservations » dans les zones touchées par les violences, selon le principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration, l’Umih.
Trump n’a pas fait fuir les touristes étrangers
Les élections, quels que soient les résultats, n’ont pas le même effet sur la fréquentation touristique. La nomination de la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni à la présidence du Conseil en Italie « n’empêche pas le tourisme italien de prospérer », souligne Didier Arino. L’élection de Donald Trump à la présidence américaine a peut-être fait réfléchir quelques Français sur la destination d’un été mais « ceux qui vont chaque année aux Etats-Unis ont continué d’y aller », abonde Vanguelis Panayotis.
« Dans la perspective des législatives », la Confédération des acteurs du tourisme (CAT, qui rassemble tous les acteurs de l’industrie touristique française) et ADN Tourisme (qui représente notamment les offices du tourisme) ont appelé à « la préservation du modèle universaliste du tourisme français » et « ses valeurs de partage, de lien social, de tolérance, d’inclusivité et de paix », dans un communiqué.
En 2023, la France a accueilli 100 millions de visiteurs étrangers selon le gouvernement, ce qui fait du pays la première destination touristique mondiale – la Chine et Hong Kong ne cumulant pas leurs résultats de fréquentation – pour 63,5 milliards d’euros de recettes internationales.
