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« Contre-productif et anti-écologique » : l’aérien fait bloc contre le milliard d’euros de taxes supplémentaires

Des dirigeants de compagnies aériennes à ceux des aéroports, le secteur aérien entier s’oppose au triplement de la taxe de solidarité prévue dans le cadre du Projet de loi finance 2025. Fustigeant ce qu’ils estiment être « un manque de préparation et de vision de l’État », ses représentants demandent une « véritable concertation ».

« Du jamais-vu », « une taxe disproportionnée », « totalement contre-productif et anti-écologique » : l’ensemble des instances professionnelles représentatives du transport aérien fait bloc contre le milliard d’euros de taxe supplémentaire prévu par le gouvernement dans le cadre du Projet de loi finance pour 2025 (PLF). Pour rappel, est prévu un triplement du produit de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), qui est aujourd’hui de 460 millions d’euros, avec des efforts plus importants demandés aux passagers « business » ou long-courrier, et à l’aviation d’affaires.

« L’État est dans le rouge, et il va nous y conduire »

« Nous avons bon espoir de voir le gouvernement bouger, car il n’a pas mesuré les conséquences de ce qu’il veut mettre en place », espère Pascal de Izaguirre, président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), lors d’une conférence de presse tenue lundi 14 octobre. « Ce que nous demandons, c’est une véritable concertation, une étude d’impact sérieuse qui devrait précéder toute augmentation de taxe », lance celui qui dirige également la compagnie française Corsair. « La Fnam demande une limitation de l’impact sur le secteur aérien, cette taxe étant disproportionnée et contre-productive pour les citoyens comme pour l’économie française. Nous voulons, a minima, un fléchage de la taxation du secteur en faveur de sa transition écologique », ajoute-t-il.

« L’État est dans le rouge, et il va nous y conduire », estime de son côté Laurent Timsit, délégué général de la Fnam, fustigeant « le manque cruel de vision sur les enjeux de l’aérien français et de ce qu’il implique », ciblant notamment l’absence d’une véritable étude d’impact permettant d’évoluer les conséquences d’une telle augmentation fiscale.

Même son de cloche pour les représentants des aéroports hexagonaux. « Nous sommes unis pour manifester notre désaccord sur la situation et la destruction de valeur sur notre secteur comme sur tant d’autres qui en découlent », renchérit Thomas Juin, à la tête de l’Union des aéroports français (UAF). « Appauvrir le secteur aérien dans son ensemble, c’est pénaliser les territoires et fragiliser le tourisme dont nous sommes très dépendants », ajoute-t-il.

Un secteur aérien « caricaturé »

« Nous avons affaire à un État qui manque cruellement de vision sur les enjeux du secteur aérien français », a déploré Thomas Juin, estimant que ce projet ferait à terme « perdre des recettes fiscales à l’État ». Ce dernier, actionnaire d’Air France-KLM (28%) et du gestionnaire d’aéroports Groupe ADP (50,6%) « se tire une balle dans le pied », a jugé M. de Izaguirre.

La conférence de presse commune donnée le 14 octobre a aussi été l’occasion pour les représentants du secteur de démonter, chiffres et études à l’appui, les caricatures et clichés auxquels le secteur doit faire face : aérien non taxé, réservé aux riches, jeunes délaissant l’avion…

C’est donc une étude d’impact consacrée au « bien-fondé et aux conséquences » de la taxation, et non à ses « modalités d’application » comme évoqué par le gouvernement, que demandent maintenant les représentants du transport aérien, secteur représentant 100 000 emplois directs et 400 000 indirects en France.

Une mesure « anti-écologique »

Selon la Fnam, les compagnies aériennes vont contribuer à 55% de l’effort de « verdissement » dans le PLF 2025 alors que le secteur est responsable de 6% des émissions de CO2 en France.

L’aérien s’est engagé à la neutralité carbone à l’horizon 2050 et alourdir sa fiscalité va amputer ses capacités d’investissement dans des avions plus sobres et des carburants d’origine non fossile, a argumenté la Fnam.

« En plus de fragiliser encore plus un pavillon français déjà lourdement taxé pour des raisons environnementales et qui perd un point de part de marché par an depuis vingt ans, cette surtaxation va entraîner un report aérien vers les hubs étrangers », explique Pascal de Izaguirre, expliquant que la taxe allait se répercuter directement sur le prix des billets au départ de France.

Avec des billets plus chers de centaines d’euros par rapport à ailleurs, les passagers n’auront d’autres choix que de privilégier les vols avec correspondance et les grands aéroports étrangers, et ainsi rallonger leurs temps de parcours. « Moins cher voudra dire des émissions carbones supplémentaires : c’est une mauvaise nouvelle pour l’écologie », résume Thomas Juin.

La France fait figure de leader européen en matière de taxe pour le transport aérien. Alors que l’Italie a récemment décidé de baisser ses taxes en la matière, la Suède prévoit de les supprimer en 2025, pour favoriser la transition écologique du secteur.

 


Le Scara évoque une mesure « discriminatoire »

Du côté de l’autre instance professionnelle représentative du secteur, le Scara (Syndicat des compagnies aériennes autonomes), on évoque dans un communiqué une mesure fiscale « discriminatoire, affectant uniquement les passagers aériens, alors que les autres modes de transports, notamment le TGV, en sont exclus ». Pour le syndicat, le secteur est « de nouveau rançonné par des taxes injustifiées » dans le seul but de « combler le déficit budgétaire de l’État en 2025 ».

<

p class= »p1″>« Le Scara demande que les dessertes ultramarines et corses soient exonérées de cette hausse de taxe, en vertu de la solidarité nationale envers les populations de ces territoires pour lesquels le transport aérien est une nécessité vitale », peut-on lire dans le communiqué de l’instance professionnelle.

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