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Comment sensibiliser les voyageurs à l’impact de leurs vacances ?

Le tourisme a des impacts. Qu’ils soient positifs ou négatifs, ils modifient les paysages, changent les habitudes et redistribuent les cartes au niveau local. Les vacanciers en ont-ils bien conscience ?

Lors de la troisième cérémonie des Trophées Horizons, qui vise à inspirer le changement dans le secteur du tourisme et contribuer au déploiement de projets à impact positif, une table ronde autour de l’information et la sensibilisation des voyageurs a exploré cette problématique.

Avec l’idée d’aborder des exemples concrets en la matière. En Bretagne, Mathilde Raphalen, chargée de mission Transition Ecologique pour la Fédération des campings de Bretagne (UBHPA), a ainsi monté une campagne liée aux écogestes à destination des campings et de leurs clients. « Mais nous avons repris ce problème depuis le début. Nous avons donc commencé par faire le point avec chaque gestionnaire : qu’est-ce qui est mis en place pour les vacanciers ? Est-ce facilement accessible ? Au sein même de l’entreprise, des initiatives sont-elles déclenchées pour limiter la production de déchets ? ».

Engager les vacanciers dans le changement de leurs comportements

Autant de questions qui paraissent désormais incontournables mais qui permettent de dresser un premier état des lieux. Couplé à une formation, le dispositif a séduit une centaine de campings bretons. « Une fois qu’on a travaillé avec les gestionnaires, nous sommes légitimes pour demander aux vacanciers de faire, eux aussi, des efforts ». Signalétique homogène, stratégiquement placée et intuitive : « l’information doit parvenir le plus efficacement aux vacanciers ». Et les résultats sont là avec, pour les campings participants, 30% de réduction de leur production moyenne de déchets sur une saison.

Dresser un premier bilan semble donc indispensable à la mise en place d’une stratégie de sensibilisation.  « C’est une étape cruciale en prévision d’un changement de comportement », pense Delphine Labbouz, docteure en psychologie sociale et environnementale. L’enquête de terrain permet d’identifier la population sur laquelle il faut agir, mais aussi « les personnes les plus motivées qui pourront jouer le rôle d’ambassadeurs ». C’est ce qui permettra « d’engager » la cible concernée, et la rendre ainsi actrice de son propre changement.

« C’est la théorie de l’engagement. L’objectif consiste à réduire l’écart entre les intentions et les actions. Nous sommes acteurs parce qu’on s’engage par nos actes, et non par nos paroles. Pour favoriser cet engagement, il est nécessaire de coconstruire avec les interlocuteurs. Dans un camping, il faudrait consulter les utilisateurs et leur demander quelles sont leurs idées pour, par exemple, améliorer la gestion de l’eau », pense Delphine Labbouz.

Des « zones de tranquillité » pour les espèces protégées

Le tout, sans faire peur. « Il faut utiliser un cadrage positif de l’information et donner envie ». C’est ce qu’a voulu faire la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en lançant, en 2016, Biodiv’Sports. « Avec ce programme, nous voulions déconstruire l’idée que la nature était un terrain de sport ou de jeu comme les autres », explique Céline Blanc, la responsable du tourisme et du plein air pour l’association. « C’est un milieu vivant, qu’on traverse temporairement et qui est l’espace vital de nombreuses espèces souvent protégées ».

Après avoir réuni tous les acteurs concernés (territoires, gestionnaires, associations, sportifs…) Biodiv’Sports élabore, en concertation, des « zones de tranquillité » dont l’objectif est d’offrir « des moments de répit » à certaines espèces dans certains moments clés (reproduction, nidification…). Répertoriées, ces zones de tranquillité ont ensuite été communiquées à sept plateformes spécialisées dans le plein air (Visorando, Geotrekk, Camptocamp…) qui les ont intégrées à leur cartographie.

« Dès qu’un itinéraire traverse l’une de ces zones, les applications l’indiquent », indique Céline Blanc. Elles affichent également toutes les informations liées à cette délimitation : l’espèce concernée, la raison de cette délimitation… Sans aucune autre contrainte, comme l’interdiction de traverser la zone. Sur les sentiers, le public semble suivre. Faciliter l’accès à l’information inciterait donc à adapter son comportement pour qu’il soit plus adéquat avec l’environnement dans lequel on évolue. « Même si on ne peut pas encore dire que Biodiv’Sports a un impact positif sur le nombre de naissances, etc…. Le changement de comportement implique du long terme ».

Porter des messages positifs autour du train

Il passe aussi, sans doute, par une modification des perceptions. Alors que les compagnies aériennes devraient transporter 5 milliards de passagers en 2024, certains ont décidé de ne plus embarquer. C’est le cas de Benjamin Martini, alias Tolt, influenceur voyage aux plus de 50 000 abonnés sur YouTube, et fondateur du média Hourrail. Son objectif ? « Montrer que le train, c’est de la balle ! », sourit Tolt. En 2021, le jeune homme, qui a parcouru le monde, a une prise de conscience écologique.

Il embarque sa communauté dans sa réflexion, et multiplie les prises de position chocs. « Ça marche, créé beaucoup de discussions, mais m’a aussi associé à des messages parfois négatifs ». C’est là qu’est née l’idée de créer Hourrail. « C’est un média qui porte des messages positifs », estime Tolt. En « sortant de cette bulle purement écolo », le message est plus largement diffusé… et l’information circule.

« Quand on donne les moyens d’agir aux vacanciers et qu’on se pose les bonnes questions, nous constatons un impact concret », résume Mathilde Raphalen. « Et il faut valoriser ceux qui s’investissent, c’est important d’obtenir cette reconnaissance », estime Delphine Labbouz. C’est exactement ce que fait l’association Acteurs du tourisme durable (ATD) en organisant les Trophées Horizons.

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