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AWFT24 – Le ski en France, c’est (presque) fini selon le CNES

Les stations de ski françaises doivent accélérer leur transition, selon Laurence Monnoyer-Smith, directrice du développement durable du Centre national d’études spatiales (CNES).

L’Echo touristique : Le ski dans les Pyrénées ne sera plus possible à l’horizon 2050, avez-vous déclaré le 23 octobre au forum A World For Travel (AWFT). Vous dressez un constat comparable pour les Alpes ?

Rajan Datar, animateur de la BBC et Laurence Monnoyer-Smith, qui pilote aussi le programme d’Observatoire Spatial du Climat © Linda Lainé

Laurence Monnoyer-Smith : Oui. Nous savons ce qui va se passer dans les 20 prochaines années, en raison de l’inertie des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le réchauffement climatique va dépasser les deux degrés d’ici 2050. Il n’y a pas de discussion à ce sujet. En Europe, plus de 50% des stations de ski ne pourront donc plus ouvrir en 2050. A la fin du siècle, pratiquement 100%. Ces scénarios sont connus depuis plusieurs années. Les tendances sont confirmées par Nature Climate Change. L’agence spatiale dispose de données précises en la matière.

Des stations de ski ont d’ailleurs décidé de fermer cet hiver, dans les Vosges comme dans les Pyrénées. Les collectivités doivent s’emparer des études et des outils à leur disposition. Je comprends que ce soit complexe, mais plus tôt elles se les approprient et mieux c’est.

Si les décideurs ne se saisissent pas des outils à leur disposition, c’est irresponsable.

Le ski représente un poumon économique et des emplois. Vous comprenez que les stations de montagne tardent à opérer leur transition ?

Laurence Monnoyer-Smith : C’est effectivement difficile. D’autant plus que beaucoup de collectivités françaises se sont endettées sur une période de 20 ou 30 ans. Pour autant, la montagne fait face à un défi moins compliqué que les infrastructures côtières condamnées à la submersion. Ce sera très agréable de venir en montagne quand le littoral traversera des périodes de canicule. Les acteurs ont l’opportunité de développer une activité annuelle, contre environ deux mois aujourd’hui, avec une meilleure gestion des flux.

Si les décideurs ne se saisissent pas des outils à leur disposition, c’est irresponsable. Les données du programme européen d’observation de la Terre Copernicus sont notamment accessibles, ce qui nous permet de modéliser ce qui va se passer.

Pour vous, le recours à la neige artificielle, dans les Alpes ou les autres massifs, est une hérésie ?

Laurence Monnoyer-Smith : Il y a une vraie réflexion à mener sur la gestion de l’eau et les conflits d’usage. Le recours à l’eau pour le ski, soit pour une activité de niche et de loisir, on ne peut pas l’admettre. Les agriculteurs et les vallées ont besoin d’eau. Il n’est pas possible de préempter cette ressource pour faire du ski. C’est injustifiable à l’heure de la gestion du stress hydrique.

Le Cnes, fournisseur de données

Données du Cnes sur le recul du trait de côte. © LL

Dans notre imaginaire, l’univers du spatial renvoie souvent à Thomas Pesquet, ISS, les satellites. Un univers perché dans les étoiles, qui fait rêver mais semble inaccessible. Pourtant, le Centre national d’études spatiales (Cnes) est largement ouvert à l’écosystème des entreprises et des institutionnels. Les acteurs du tourisme peuvent ainsi accéder aux données qu’il agrège, avec d’autres agences spatiales. Afin de jeter des ponts avec les entreprises et les collectivités, le Cnes a d’ailleurs lancé, en 2016, le programme Connect by Cnes et fait partie du consortium sur la gestion des ressources en eau HydroVenture. Laurence Monnoyer-Smith l’a rappelé lors de la 5e édition de A World For Travel, graphiques à l’appui. Tout en fustigeant, lors de ce forum international, le tourisme spatial, pour son empreinte carbone et ses prix exorbitants. « S’il vous plaît n’utilisez pas un de ces stupides vaisseaux spatiaux, cela n’a aucun sens », a-t-elle déclaré. En revanche, l’agence spatiale soutient les projets de ballons stratosphériques comme Zephalto.

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