Auvergne-Rhône-Alpes : « Le tourisme, un champ de compétences qui ne se délocalise pas »

« Nous sommes la deuxième région touristique de France, et nous devons avoir un regard ambitieux, plus large, bien au-delà des frontières nationales ». Fabrice Pannekouche, président de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) a donné le ton, lundi 7 octobre, en ouverture des Sommets du tourisme Aura qui se tenaient pendant deux jours à l’Hôtel de région, dans le 2ᵉ arrondissement de Lyon. « 1,5 milliard d’euros d’investissement, 21 milliards d’euros de revenus et 9% de notre PIB… Le tourisme est un champ de compétences qui ne se délocalise pas ! », a lancé, optimiste, l’élu devant 600 professionnels du tourisme local.

Au programme : deux jours de débats, de tables rondes et autres ateliers pratiques. Avec, en point d’orgue général : l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2030 dans les Alpes, quelques jours après que le Premier ministre (savoyard) Michel Barnier a confirmé la garantie financière de l’État. Le comité d’organisation de ces nouveaux Jeux, qui devraient, d’après les premières estimations, représenter 5,8 milliards d’euros de retombées pour la région, est encore en cours d’organisation, quelques noms circulant déjà dans les allées de l’Hôtel de région pour désigner « le nouveau Tony Estanguet ».

Le sport avant tout

Dans cette ambiance de mise en marche stratégique, a été présentée une très didactique étude d’impact concernant les championnats du monde de ski de Courchevel-Méribel en 2023, commandée par le ministère des Sports et réalisée conjointement par quatre cabinets (Spartner, CDES, Pluralité et Sport 1.5) autour de trois axes : économique, social, environnemental.

Si les retombées économiques (50 millions d’euros d’injections nets de revenus pour la région Aura) et sociales (17,2/20 de note de satisfaction globale exprimée par les visiteurs et la population locale) ne font pas de doute, « il reste bien entendu des pas à faire » en matière environnementale, d’après les auteurs de l’étude. Avec 150 000 spectateurs au total (dont 89% de Français), l’évènement sportif majeur (le deuxième évènement de sports d’hiver après les Jeux Olympiques) aura représenté 11 310 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, chiffre que les efforts de l’organisation ont permis de réduire de 34% par rapport aux prévisions initiales. À noter que 73% des émissions enregistrées proviennent, évidemment, des transports.

« Dans la poursuite de l’histoire d’Albertville, et en prévision de 2030, nous avons montré le meilleur de la montagne, au moment où le ski est stigmatisé », a lancé Perrine Pelen, directrice générale du comité d’organisation et triple médaillée olympique en ski alpin, rappelant aussi le bashing pré-JOP de Paris et l’enthousiasme général qui a suivi. « Dès que le sport prend sa place, les émotions arrivent et rassemblent », a-t-elle lancé.

Après l’exemple de ces championnats du monde (et JOP 2024) réussis, le temps était venu de nourrir les réflexions sur l’organisation des JOP de 2030 et plus globalement sur les nouveaux liens à tisser entre évènements sportifs et dimension touristique. « Nous sommes entrés dans une nouvelle manière de faire de l’évènement sportif désormais », a ainsi lancé Marie Martinod, championne de ski freestyle et adjointe à la mairie d’Aime-la-Plagne.

Ont ensuite été étudiés plusieurs cas concrets, comme celui de Vichy et ses 120 évènements sportifs organisés par an, avant qu’une nouvelle étude nationale sur le tourisme sportif ne soit dévoilée, confirmant l’écrasante place de leader national de la région Aura en la matière.

Ateliers et satisfaction client

Mardi 8 octobre, la matinée a vu se tenir de nouveaux débats sur l’enjeu crucial qu’est la satisfaction client, avec une intervention très appréciée de Daniel Ray, à la tête de l’Institut du capital client à Grenoble école de management, ciblant, entre autres, les pratiques de la SNCF, le customer washing de manière générale, et voyant les stratégies de satisfaction client comme « un business au service de l’attractivité des territoires » autant qu’un « matelas en temps de crise ».

A suivi une table ronde sur le sujet, animée par L’Echo touristique, et proposant des retours d’expérience sur le sujet de la part d’acteurs du tourisme comme Hutopia, Ardèche Tourisme, ou Les Ménuires. Une table ronde sur l’accueil et les attentes des jeunes en matière d’emploi a clos la matinée.

Entre ces denses rendez-vous, étaient aussi proposés aux participants des ateliers sur des thèmes aussi actuels et pratiques que « Gagner 2h par jour avec l’IA générative », « L’hybridation des hébergements touristiques », « Mieux accueillis les clientèles itinérantes » ou encore « Comment et pourquoi réagir aux avis déposés par ses clients ».

Les lauréats des trophées

Enfin, ces denses journées de travail auront été l’occasion pour les autorités touristiques locales de remettre leurs trophées, dans trois catégories, dans le but « d’inspirer le tourisme de demain et de créer l’émulation sur le territoire de la région », d’après Sylvie Fayolle, vice-présidente de la région Aura en charge du tourisme.

Les lauréats ont eu l’occasion de présenter, en trois minutes, leurs projets au public, qui a pu ensuite élire en direct ses coups de cœur. Dans la catégorie « gestion innovante de la ressource en eau », Richard Buffat, directeur d’Ardèche tourisme, a ainsi été récompensé pour le guide « Mon anti-sèche pour préserver l’Ardèche ». Dans la catégorie « accessibilité et handicap visuel », Virginie Rochette et le Parc national de la Vanoise ont reçu la préférence du public. Enfin, dans la catégorie « emploi et attractivité des métiers du tourisme », c’est le restaurant La Salle à manger à Crest qui a été élu.

Le tourisme en Aura : les chiffres clefs (2023)

• 21,2 milliards d’euros de consommations touristiques (pour 1,9 milliard d’euros d’investissements touristiques)
• 246 440 emplois touristiques
• 276,2 millions de nuitées (+6,8%) dont 154,6 millions par des visiteurs français.
• Séjour d’une durée moyenne de 4,5 nuits
• Top 3 des nationalités étrangères se rendant dans la région : Royaume-Uni (13,4 millions de nuitées) / Suisse (12,5) / Pays-Bas (10)
• 1ʳᵉ région de France pour le tourisme sportif et les activités touristiques outdoor (avec notamment 1,47 milliard d’euros de chiffre d’affaires pour les seules remontées mécaniques du territoire)
• Top 3 des sites touristiques le plus fréquentés en 2023 : Téléphérique de l’Aiguille du Midi (Chamonix) : 988 000 visiteurs / Chemin de fer Montenvers – Mer de glace (Chamonix) : 961 600 visiteurs / Le Pal (St-Pourçain-sur-Besbre) : 755 200 visiteurs).