Asma Mhalla, Olivier Kervella, Valérie Boned… : ce qu’ils pensent de l’IA

Par Linda Lainé Le Juil 4, 2024

L’intelligence artificielle générative était un fil rouge lors du congrès des Entreprises du Voyage à Val d’Isère, la semaine dernière. Notre synthèse de plusieurs témoignages.

Asma Mhalla, Olivier Kervella, Valérie Boned... : ce qu'ils pensent de l'IA — L'intelligence artificielle selon Dall-E, couverture du magazine L'Echo de l'automne 2023.

« Nous allons travailler sur l’IA, il faut que nous nous l’appropriions », a expliqué Valérie Boned lors du congrès des Entreprises du Voyage (EdV) qu’elle préside. « Nous préparons une offre de formation avec Opco Mobilités » pour les adhérents, en fin d’année.

Et comme le sujet l’intéresse, Valérie Boned avait invité Asma Mhalla, politologue spécialiste des enjeux géopolitiques en technologie, à prendre la parole en plénière. L’intervention de l’auteure de « Technopolitique : comment la technologie fait de nous des soldats » a constitué un temps fort du congrès. Plusieurs dirigeants ont également partagé leur vision et questionnements. Extraits choisis.

*Asma Mhalla interrogé par François-Xavier Izenic lors du congrès. © LL*

Asma Mhalla : « Une arme de guerre hybride »

« Nos démocraties et nos modèles politiques sont percutés par un choc technologique. Grâce aux algorithmes et aux données personnelles, nous passons d’une démocratie de masse à de l’hyperpersonnalisation de masse. » Ce qui a permis, entre autres, le scandale Facebook/Cambridge Analytica… « Ces technologies sont duales, à la fois civiles et militaires. Ce que vous avez dans votre poche, votre smartphone, devient potentiellement une arme de guerre hybride, intangible, invisible. C’est ce que nous appelons les luttes informationnelles sur les réseaux sociaux, les cyberattaques… Le dernier élément de rupture, c’est l’avènement de géants technologiques, les BigTech qui privatisent les infrastructures. Or le politique ne fait pas le job d’expliquer aux gens que chacun est potentiellement une cible. »

Henri Giscard d’Estaing (Club Med) : « L’IA artificielle ne remplacera pas l’humain mais peut l’aider »

« L’IA, ce sont des données et de la puissance de calcul. Comme nous avons une distribution directe, nous avons une masse de données considérable : plus de deux milliards de données sur notre clientèle et ses comportements. L’intelligence artificielle ne remplacera pas l’humain mais peut l’aider. Par exemple, nous nous en servons déjà pour apporter, instantanément, des réponses aux clients. Il y a une deuxième dimension : le lien entre l’IA et les nouveaux moyens de communication. Nos clients brésiliens vont tous sur WhatsApp. Nous avons donc commencé, il y a trois mois, à tester sur WhatsApp un chatbot pour répondre là aussi instantanément aux clients, alors que des opérateurs peuvent mécaniquement prendre un certain temps à le faire. Les résultats sont très impressionnants. »

Laurent de Chorivit (Evaneos) : « Nous avons créé une équipe IA »

« Comme beaucoup, nous expérimentons l’IA, nous testons, nous tâtonnons. Evaneos est à sa genèse une entreprise technologique. Et donc par nature, nous avons voulu intégrer l’IA, d’abord en interne – nous constatons que la productivité d’un développeur peut augmenter de 15% à 20% – mais aussi au niveau de l’expérience client pour formuler des recommandations pertinentes grâce à la data collectée. Nous l’utilisons également dans la suite d’outils pour les réceptifs, afin d’aider dans la création de devis et la recherche d’itinéraires. Pour être efficace, nous avons créé une équipe IA en interne, en soutien des autres équipes. »

Olivier Kervella (NG Travel) : « L’IA va être un tsunami »

« L’IA va avoir un impact colossal sur nos métiers, elle va être un tsunami. En 10 ans, l’IA peut avoir autant d’impact sur nos métiers que le digital en plus de 20 ans. (…) Nous y recourons en interne pour accélérer le temps de traitement des litiges. La productivité s’améliore, et les clients – agences ou directs – en sont ravis. Les agents de voyages qui s’emparent de cette innovation saluent sa grande simplicité. Je n’aime pas l’informatique, mais j’adore l’IA. J’interroge ChatGPT quasiment tous les jours tellement c’est simple et permet aussi de mieux connaître ses clients. «

Emilie Dumont (MisterFly) : « Il faut avoir beaucoup d’humilité »

« L’intelligence artificielle va changer énormément de choses. Mais il faut avoir beaucoup d’humilité sur les bouleversements qu’elle devrait apporter. A court terme, nous l’utilisons en entreprise pour accompagner les équipes et les agents de voyages, notamment pour des résumés d’échanges avec les clients. »