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APG World Connect 2024 : quand l’avenir de l’aérien s’imagine à Malte

Biocarburants, grève chez Boeing, distribution et surtout soutien, ou non, des États à leurs compagnies aériennes : la 15ᵉ édition du World Connect, congrès organisé par APG à Malte les 24 et 25 octobre, a donné lieu à des débats cruciaux pour l’avenir du secteur.

« Une alchimie fantastique entre nous » : c’est ainsi que Sandrine de Saint-Sauveur, présidente d’APG, a clos, vendredi 25 octobre à Malte, la 15ᵉ édition du congrès World Connect, après deux journées d’intenses discutions entre dirigeants du secteur aérien mondial. Entre sessions réseautage dans les travées du Westin Dragonara ou prestigieux dîner de gala dans la Sacra Infermeria, un ancien hôpital construit par l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1574, se sont tenus des débats parfois cruciaux pour l’avenir du secteur aérien.

À commencer par une très appréciée discussion entre Marc Rochet, désormais à la tête de son cabinet Aerogestion, et Steven F. Udvar-Hazy, dirigeant d’Air Lease Corporation, leader du leasing aérien mondial. Alors que le mouvement de grève se poursuit chez Boeing, paralysant peu à peu l’ensemble de l’industrie, les retards dans la livraison des avions (au moins 5 à 6 ans pour les 777X ou 737max), et les difficultés financières du groupe (qui perd presque d’un milliard de dollars chaque mois) auront été au cœur du débat.

« On ne peut pas décarboner aussi vite une industrie qui repose sur le pétrole »

« C’est une situation tragique à un moment où l’industrie a le plus besoin d’aller de l’avant. Cela empêche les opérateurs d’investir dans le futur du secteur, au moment où l’aérien a besoin de redoubler de travail pour imaginer son avenir d’un point de vue écologique », selon le capitaine d’industrie hongro-américain.

À ce propos, il a tenu un discours qui dénote : « Nous ne pouvons pas parier sur les biocarburants à cause des coûts, du manque de soutiens gouvernementaux sur la filière et des difficultés de distribution. Je ne pense donc pas que l’industrie parviendra à la neutralité carbone pour 2050 à ce rythme. On ne peut pas décarboner aussi vite une industrie qui repose entièrement sur le pétrole », estime Steven Udvar-Hazy.

Un État français « schizophrénique »

Autre temps fort : une table ronde sur le soutien étatique aux compagnies aériennes de par le monde, lors de laquelle le projet de loi Finances pour 2025, prévoyant une augmentation d’un milliard d’euros par an de la taxe de solidarité sur les billets d’avions, aura été abondamment critiqué. « Alors que le pavillon français perd des parts de marché chaque année, nous punissons encore nos propres compagnies, c’est complètement schizophrénique », s’est ainsi alarmée Christine Ourmières-Widener, à la tête d’Air Caraïbes et de French Bee. « On va dans la mauvaise direction, dans celle de la taxation plutôt que de l’investissement », a-t-elle estimé.

« Il y a aussi une importance à ne pas trop dépendre de son gouvernement et garder sa souveraineté économique. Car quand il y a des soucis politiques, c’est vous qui coulez ! », a pour sa part lancé Allan Kilavuka, PDG de Kenya Airways Group. À propos de la concurrence déloyale que pouvait exercer certaines compagnies très favorisées par leurs États, ce dernier aura répondu, plein de franchise : « Est-ce que c’est juste ? Réponse simple : la vie est injuste ».

Quand l’État va, tout va

Parmi les exemples de soutien étatique ayant mené au succès, l’intervention d’Adel Abdullah Al-Ali, PDG d’Air Arabia, aura définitivement marqué les esprits de l’audience. Ce sont justement les conditions propices au succès entrepreneurial qui ont poussé le bahreïni de naissance à fonder, en 2009, sa compagnie à Sharjah, aux Émirats-Arabes-Unis.

« Un aéroport disponible, de la place pour se développer, un contexte politique favorable au développement, des excellentes infrastructures… », lui ont permis de passer d’un avion à 85 en 15 ans. Avec un investissement de départ de 13 millions de dollars, la compagnie est aujourd’hui valorisée à 5,5 milliards de dollars. « Nous pensons tous que nous sommes différents, alors que nous sommes tous les mêmes : des professionnels spécialisés dans le business du transport, n’importe où sur terre », a lancé le dirigeant à un public conquis.

Des aéroports qui deviennent des « centres de loisirs »

Dernier exemple ayant suscité l’admiration des participants : l’intervention de Selahattin Bilgen, à la tête de celui qu’on présente comme le futur premier aéroport de la planète, celui d’Istanbul. « Nous arrivons à un point où nous sommes devenus plus qu’un aéroport, mais un centre de loisirs. Nous voulons être le meilleur centre de loisir en même temps que le meilleur aéroport du monde. Le tout avec un impact économique et social énorme localement, on estime que près de 2 millions de foyers dépendent d’une manière ou d’une autre de nous. Nous sommes plus que jamais le point de passage obligé qui relie l’Asie à l’Europe, du nord au sud et de l’est à l’ouest », a-t-il notamment lancé sur scène.

Plus de 500 participants en provenance de 90 compagnies aériennes mondiales se sont rendus cette année à Malte pour le World Connect organisé d’APG, s’ajoutant au 120 membres du réseau de représentations mondial de transporteurs aériens. L’an prochain, APG donne rendez-vous à l’ensemble du secteur à Séville, pour le 16ᵉ congrès World Connect.

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