Voyagistes : René-Marc Chikli anticipe une belle arrière-saison

Par Linda Lainé Le Sep 3, 2024

L’été a démarré en retard mais un rattrapage est en vue selon René-Marc Chikli, le président du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto).

Pour les voyagistes, René-Marc Chikli anticipe une belle arrière-saison — René-Marc Chikli, président du Seto © Emilie Vignon

L’Echo touristique : Comment se présente l’activité des voyagistes cet automne ?

René-Marc Chikli : L’arrière-saison se présente très bien. Pour comprendre la dynamique actuelle, il faut d’abord faire un résumé de ce qui ne s’est pas passé pendant l’été. Tout le monde a observé une baisse assez importante d’activité jusqu’à début août : de nombreux Français, notamment des Parisiens, ont décidé de reporter leurs voyages. Ils étaient réquisitionnés pour travailler lors des JO ou bien redoutaient des difficultés d’accès aux aéroports. Nous avons démarré l’été avec ce caillou dans la chaussure.

Sur l’ensemble de la saison d’été 2024, nous anticipons toujours une petite progression des réservations, d’environ 3%, en comparaison avec la belle saison de 2023. C’est un peu moins bien que prévu lors de nos estimations en mai.

Vous êtes optimiste. Pourtant, selon les données d’Orchestra arrêtées au 28 août, le volume d’affaires des ventes de forfaits, pour les départs de septembre, augmente de seulement 1% en septembre…

René-Marc Chikli : Je n’ai pas tout à fait cette tendance, mais nous ne nous appuyons pas sur les mêmes bases (de méthodologie, Ndlr). Cet automne, nous allons bénéficier d’un phénomène de reports. Au mois de septembre, les réservations de voyages progressent de 10,7% en chiffre d’affaires, et de 2,5% en nombre de clients. En octobre, la hausse atteint 18,9% en chiffre d’affaires, et 9,6% en nombre de clients.

Quelles sont les destinations qui s’en sortent, sur l’été ?

René-Marc Chikli : Toujours en cumul des réservations, le grand gagnant de l’été, c’est le long-courrier, plus que le moyen-courrier. Normalement, c’est le contraire. Les Etats-Unis enregistrent une progression par rapport à 2023, de +7%, l’île Maurice aussi à +11%, la Tanzanie également à +6%. Nous observons par ailleurs un retour en force de l’Asie avec +16% pour l’Indonésie et Bali, +41% pour le Japon. La Polynésie s’affiche à +24%. L’Europe du Nord est à +3%. L’Europe du Sud se maintient bien, avec une Italie qui s’envole à +21%, la Croatie opère un petit retour avec +9%. La France est également stable. La méditerranée est à l’étale, même si la Tunisie recule de 9%.

FTI Voyages a été liquidé pendant l’été. Les voyagistes du marché français vont-ils pouvoir récupérer 100% de ses ventes ?

René-Marc Chikli : 100%, non. Les voyagistes devraient se répartir environ 50% à 75% de l’activité de FTI Voyages. Les disparitions passées de TO nous montrent qu’il y a toujours un effet de dilution.

Le dossier a été bien géré par les professionnels qui ont repris des dossiers. Il y a un esprit d’unité dans la profession, avec l’APST, le Seto, les EdV. Il n’y a qu’un jeu collectif, c’est important. Nous n’avons pas toujours connu cette unité.

Les promotions lancées au cœur de l’été ont-elles réveillé la demande ?

René-Marc Chikli : En pleine saison, nous avons effectivement observé des promotions – ce qui ne s’était pas produit depuis des années. Ces promotions – j’ai pu en parler notamment avec Charlotte Bernin du Club Med – ont réveillé la demande après le 15 juillet. Les JO créent de nouveaux équilibres et des déséquilibres.

Quel sera l’héritage des JO pour les pros du tourisme ? Pensez-vous que c’est un levier pour mieux vendre la France en agences ? Ou bien est-ce utopique ?

René-Marc Chikli : Les JO constituent le meilleur vecteur de communication qu’ait connu la France depuis longtemps. Cette image positive qu’ils véhiculent peut inciter des Français à visiter Paris ou d’autres villes hôtes. Pour autant que les produits soient attractifs. Pour ma part, la France en agence, je n’en ai jamais été pleinement convaincu, le Covid nous a en partie prouvé le contraire. Vendre la France fera partie du fonds de commerce des agences. La grande distribution sait très bien le faire, les produits sont là. Mais, globalement, les TO étrangers vendant la France seront les grands bénéficiaires des JO, lesquels vont créer une envie de découvrir la France. En espérant qu’il s’agisse d’un tourisme plus contributif qu’aujourd’hui.

L’été a aussi été marqué par l’annulation de nombreux vols à Madère. Une réaction ?

René-Marc Chikli : Ce qui s’est passé à Madère relève surtout de la régulation classique des compagnies Ryanair et aussi d’Eaysyjet. Certains passagers, de clients directs, ont pu passer une nuit ou plus à l’aéroport, dans des conditions difficiles. Cela n’a pas directement affecté les voyagistes.

Compte tenu des réaménagements fréquents des plans de vol, l’Europe risque de se saisir de la question, pour envisager une réforme de la protection des passagers. Cela devient un vrai sujet.