Privatisation de TAP Air Portugal : Lufthansa lance les hostilités

Après l’Italie et ITA Airways, Lufthansa s’attaque au Portugal et à TAP Air Portugal, compagnie en voie de privatisation. D’après les sources de l’agence Bloomberg, la direction du groupe allemand a rencontré, lundi 2 septembre, des membres du gouvernement portugais. Carsten Spohr, directeur général de Lufthansa Group, a pu faire part de son intérêt à deux ministres portugais : Joaquim Miranda Sarmento, ministre des Finances, et Miguel Pinto Luz, ministre des Infrastructures.

Le Corriere della Sierra évoque pour Lufthansa une prise de participation minoritaire à 19,9%, évaluée entre 180 et 200 millions d’euros, lui évitant d’avoir à obtenir l’aval des autorités européennes de la concurrence. Le groupe allemand s’est refusé pour l’instant à commenter ces informations.

La compagnie nationale portugaise avait été sauvée en 2020 par une renationalisation d’urgence lui ayant permis l’injection de 3,2 milliards d’euros de fonds publics. TAP doit maintenant à nouveau être privatisée. Mais sa vente a été retardée par la démission au Portugal du précédent gouvernement socialiste et l’arrivée au pouvoir d’un exécutif de droite qui semble désormais vouloir accélérer le processus.

Ce dernier, lancé officiellement en septembre 2023, vise la privatisation de 50% du capital de TAP et aurait suscité immédiatement l’intérêt de ses concurrents européens, d’Air France-KLM à IAG (British Airways et Iberia), qui vient d’abandonner le rachat d’Air Europa. Aucun des deux groupes n’a pour l’instant fait de commentaires.

Retour des bénéfices

Les conditions économiques semblent optimales pour l’ouverture du capital de la compagnie portugaise. Après six mois de pertes, TAP est repassé dans le vert au deuxième trimestre 2024, dégageant au deuxième trimestre un bénéfice net de 72,2 millions d’euros, d’après des résultats financiers dévoilés la semaine dernière.

Premier transporteur européen dans les liaisons vers le Brésil, TAP a réalisé entre avril et juin un chiffre d’affaires en hausse de 3,4%, à 1,1 milliard d’euros, et son résultat opérationnel a bondi de 35,2% par rapport au deuxième trimestre 2023, à 168 millions d’euros. Le nombre de passagers transportés a progressé de 2,4%, à 4,16 millions, soit 92% de son niveau au deuxième trimestre 2019, période de référence avant la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Sur l’ensemble du premier semestre 2024, TAP a ainsi dégagé un bénéfice net de 400 000 euros, contre 22,9 millions à la même période de l’année dernière.

Son hub de Lisbonne, surtout, aiguise les appétits des grands groupes européens, pour les liaisons transatlantiques vers le Brésil et l’Amérique latine que TAP réalise en mono couloirs modernes comme l’A321LR. La compagnie vient en outre d’annoncer la reprise des vols entre Lisbonne et Manaus (Etat d’Amazonie, 3 vols hebdomadaires) arrêtés depuis 2016.

Les batailles de consolidation font rage dans le ciel européen. Récemment, Lufthansa Group a obtenu l’autorisation de Bruxelles pour acquérir 41% d’ITA Airways, et Air France-KLM détient maintenant 19,9% de SAS.