Hôtellerie : l’île d’Yeu passe au 4 étoiles

Les plages se sont vidées, les volets de couleurs des 3650 résidences secondaires se referment peu à peu et les bateaux effectuant les traversées retour vers le continent affichent complets, la saison estivale touche à sa fin à l’île d’Yeu, au large de la Vendée. Sa population, de 25 000 personnes au plus fort de l’été, va retrouver progressivement son étiage de 5000 habitants à l’année.

Si le mois d’août a fait le plein comme chaque année, juillet affiche un recul de la fréquentation évalué entre 15 et 20%. La faute à l’inflation, au second tour des élections législatives, aux Jeux olympiques et, surtout, à une météo mitigée. L’île échappe de toute façon au tourisme de masse compte tenu de son éloignement, à 17 km du continent, de la contrainte et du coût des traversées et des tarifs élevés des locations saisonnières. « Il n’y a pas de surtourisme à l’île d’Yeu mais des périodes de forte fréquentation qui sont attendues par les commerces et les professionnels du tourisme comme les 15 premiers jours d’août, les week-ends de mai  ou la Toussaint », estime Michel Charuau, le président de l’office du tourisme de l’île d’Yeu.

Une montée en gamme de l’hôtellerie

Cette saison touristique 2024 a été marquée par l’inauguration en avril de La Mission, un hôtel 4* de 22 chambres et suites, par Michel Delloye et Jacques-Olivier Larant, les fondateurs du groupe des Hôteliers Impertinents qui possèdent 5 établissements 3* et 4* à Paris. Pour ce nouveau projet, ils ont jeté leur dévolu sur une ancienne garnison militaire sous Napoléon III devenue ensuite l’école catholique de l’île puis salle paroissiale, avant d’être abandonnée pendant des décennies.

Située à Saint-Sauveur, ancien « bourg » et point culminant de l’île, La Mission ambitionne de rester ouvert 10 mois dans l’année, de mars aux vacances de Noël. Cette adresse chic et tendance avec restaurant aux saveurs iodées, bar à rhums, spa Nuxe et piscine extérieure chauffée a pour cela embauché beaucoup de locaux parmi ses 35 employés. « Nous sommes devenus le deuxième employeur de l’île derrière la compagnie Yeu-Continent », souligne ainsi Louise Perruchot, chef de projet marketing et évènementiel des Hôteliers Impertinents.

Cette résurrection d’un édifice cher aux Ogiens intervient après l’ouverture en 2020 par Les Domaines de Fontenille de l’hôtel Les Hautes Mers, autre 4* situé lui face à la mer à quelques minutes à pied de Port Joinville, principale localité et port d’arrivée sur l’île d’Yeu. Au terme d’importants travaux réalisés par le groupe hôtelier dont la collection compte 11 adresses (*), Les Hautes Mers a porté cet été ses capacités à 25 chambres grâce à l’ajout d’une aile abritant 8 chambres (dont 5 suites familiales) et un magnifique spa avec piscine, hammam, sauna et cabines de soins.

« Traditionnellement, l’hôtellerie sur l’île d’Yeu était faible et de qualité moyenne. Nous assistons à une montée en gamme rapide depuis deux ans avec l’apport de près de 50 chambre en 4*, et du passage des 29 chambres de L’Escale en 3* », souligne Michel Charuau qui rappelle que l’offre hôtelière globale ne dépasse pas les 150 chambres avec 6 établissements. Et d’ajouter : « Surtout, La Mission et Les Hautes Mers souhaitent ouvrir quasiment à l’année grâce à la clientèle senior et à l’essor du tourisme d’affaires fort du dépaysement que procure notre île. Ce développement du tourisme hors saison est l’une de nos priorités pour soutenir l’emploi et l’économie de l’île ». Pour booster ces visites à l’année, l’office de tourisme prévoit d’éditer une brochure de forfaits découverte qui feront l’objet d’une promotion spécifique. L’OT s’est ensuite adjoint les compétences de Sandrine Lamour-Trichet, nouvelle directrice générale débarquée sur l’île d’Yeu en janvier dernier après avoir officié de longues années chez Châteauform, le spécialiste français du Mice.

Rester une île accueillante pour tous

Cette montée en gamme de l’hôtellerie islaise accompagne le profil toujours plus CSP+ de la population touristique de « la perle de l’Atlantique ». Et Michel Charuau d’insister : « ces deux hôtels 4* répondent à une demande mais ils ne doivent pas venir renforcer le sentiment que le fossé se creuse entre la population locale et les estivants. Notre volonté est que l’île d’Yeu reste accessible à toutes les clientèles afin de conserver son esprit accueillant ».

Ainsi, les visiteurs ont également à leur disposition une trentaine de chambres d’hôtes, plus d’une centaines de meublés labellisés et 331 non classés. Pour favoriser un tourisme plus social, la municipalité mise enfin sur son camping de 164 emplacements où le nombre de chalets et lodges progresse, la réhabilitation de l’ex-camp de vacances Michelin qui sera dédié aux groupes et sur l’école de voile dont le bâtiment devrait s’enrichir d’une unité d’hébergement moderne.

D’autres projets privés pourraient voir le jour, plusieurs sites touristiques de l’île étant encore en déshérence. Ils supposent toutefois de lourds investissements pour les remettre aux goûts du jour et aux normes actuelles.

(*) Le 12e hôtel du groupe Les Domaines de Fontenille ouvrira au printemps 2025 à Perros-Guirec, dans les Côtes d’Armor. Ses fondateurs Frédéric Biousse et Guillaume Fouché ont en effet racheté le Domaine du Sphinx, un hôtel familial 3 étoiles dominant la plage de Trestrignel, qui devrait au terme de sa rénovation passer en 4 étoiles.