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Frédéric Vanhoutte (Eventiz) : « Quand tu crées une entreprise, c’est pour la faire grandir »

Au printemps, Travelsoft a racheté 100% d’Eventiz, l’entreprise créée par Frédéric Vanhoutte en 2008. Comment le vit l’entrepreneur ? C’est la première question – d’une longue série – que nous lui avons posée.

L’Écho touristique : Travelsoft a racheté 100% d’Eventiz. Votre entreprise*, créée en 2008. Comment le vit l’entrepreneur ?

Frédéric Vanhoutte : (rires) L’entrepreneur le vit bien. Le pire, c’est de devoir renoncer aux projets, aux bonnes idées.

Quand tu crées une entreprise, c’est pour la faire grandir. C’est ce que nous avons fait depuis 2008. Nous avons constitué le seul groupe média du Travel, riche de ses différents titres, riches de leurs différences entre le loisir, le voyage d’affaires et l’innovation. Nous avons créé des événements et nous avons bien d’autres projets dans les cartons. C’est la croissance qui nous motive, pas la gestion des affaires courantes. Mais quand tu n’as pas les moyens d’investir, tu deviens un gestionnaire du quotidien, tu cherches des économies et tu renonces à ton projet.

Je suis soulagé et fier qu’un groupe que nous connaissons très bien nous fasse confiance. Christian Sabbagh (fondateur de Travelsoft/Orchestra, Ndlr) a compris l’importance des médias, il est neutre et travaille avec tous les producteurs et distributeurs. Il est dans la compréhension et la projection du marché.

Et à titre personnel, vraiment soulagé ?

Frédéric Vanhoutte : A titre personnel, ce n’est pas totalement évident. Le Covid a mis un coup d’arrêt à notre développement. J’ai bien essayé de faire grandir l’entreprise avec le lancement de la conférence internationale A World For Travel et le rachat du média belge Pagtour. Nous avons aussi pris le parti de maintenir l’activité pendant la pandémie, sans rentrée d’argent, pour maintenir l’information et soutenir la profession. Nous avons enregistré des audiences extraordinaires, jusqu’à deux millions de visiteurs par mois sur le site de L’Echo. Mais notre trésorerie s’est asséchée dans le même temps.

L’arrivée de Travelsoft au capital, avec son savoir-faire spécifique et ses ambitions, correspond à ce que nous voulions faire : partir en conquête, développer, enrichir de plein de contenus différents.

Donc, je suis satisfait pour l’entreprise et les collaborateurs qui ont été fidèles et loyaux toutes ces années. Tout le monde a fait des efforts, nous avons la meilleure équipe du marché. Pour ma part, je perds le contrôle (Travelsoft détient 100% du capital), même si je reste président. Je passe doucement la main, ce qui correspond également à un moment de ma vie.

Je vais être le conseil de Christian (Sabbagh) et avoir un rôle dans les projets de croissance dans Eventiz.

Vous restez donc dans l’aventure. Combien de temps et avec quelle feuille de route ?

Frédéric Vanhoutte : Je reste dans l’aventure, car je suis un homme de médias et d’événements. Je prévois de rester jusqu’à fin 2025, peut-être plus longtemps. Rien n’est fermement arrêté. Ma feuille de route, c’est d’accompagner Eventiz et Travelsoft. Christian Sabbagh a bien d’autres chantiers et projets de développement. Je vais être son conseil et avoir un rôle dans les projets de croissance dans Eventiz. Peut-être par voie d’acquisition et de data.

Je compte donc continuer à porter des projets, au sein d’Eventiz d’abord, mais aussi pourquoi pas en dehors du groupe, il y a tellement d’opportunités quand on a l’énergie et la passion de notre belle industrie.

Vous parlez de nouveaux axes de développement autour de la data ?

Frédéric Vanhoutte : Travelsoft dispose effectivement d’un actif incroyable, la data : 35 milliards d’euros de ventes informatisées de voyages, qu’il va être intéressant d’analyser au sein d’Eventiz. Ce sont des données en temps réel, intéressantes pour les destinations et les autres acteurs. Il est possible de dire, par exemple, en temps réel, au Portugal qu’il est, en termes de réservations de voyages d’été, en retard de 2% versus l’Espagne et en avance de 14% sur l’Italie. La data est indispensable pour piloter son activité. La technologie reste au service de l’industrie et de son évolution.

Le groupe que nous avons constitué va aller plus loin, dans tous ses domaines de compétences : médias, data, analyses, événements, influence. L’histoire d’Eventiz continue.

Dans votre vie d’entrepreneur à la tête d’Eventiz, quel a été le moment le plus difficile ?

Frédéric Vanhoutte : Le moment le plus dur, c’est quand tu sens que, après avoir grandi dynamiquement pendant des années, et bataillé avec ton équipe pendant la période du Covid-19, cela ne va pas passer. Que trop d’argent est dehors, parce que des gens ne nous paient plus. Et qu’il faut, en bon gestionnaire, faire quelque chose. Que tu n’as pas la capacité d’investissement, alors que j’ai toujours été animé par la croissance. J’ai un temps envisagé une procédure de conciliation. J’ai finalement opté pour le redressement judiciaire et fait une sorte de Chapter 11. C’était une option qui paraissait plus simple notamment pour lisser le PGE et alléger la charge de l’entreprise. C’est donc le moment le plus dur de ma carrière, qui reste quand même un acte de saine gestion. 

Ce que j’ai toujours adoré, c’est rassembler la profession.

Et quel a été le meilleur moment de votre carrière ?

Frédéric Vanhoutte : Il y en a eu plusieurs. Lancer le web du travel en France avec l’agence en ligne Travelprice et dans 7 pays, unir les pures players avec level.com, créer le site Selectour.com, lancer Tom.travel, sont des fiertés. Mais, mon cœur penche pour Travel d’or. Ce que j’ai toujours adoré, c’est rassembler la profession. C’est foncièrement ma nature, ce qui me tient à coeur. Au tout départ, cela s’inscrivait dans la continuité de l’association Level.com dont j’étais le président et l’un des cofondateurs. Je souhaitais créer un événement afin de rassembler les acteurs du digital. D’où la création d’une soirée pour récompenser les sites de voyage préférés des Français. Nous étions 100 professionnels à la première édition, au Paradis Latin. Le concept a ensuite évolué, puisque tout le monde est aujourd’hui sur Internet. Nous célébrons désormais les marques préférées des Français. Aux Travel d’Or, la profession est unie, c’est un plaisir renouvelé de vivre ce moment.

Vous m’aviez dit aussi que vous aviez été ému de racheter L’Echo. Pourquoi ?

Frédéric Vanhoutte : Au départ, nous avions juste pris l’habitude de prendre des petits-déjeuners avec Christophe Czajka, le fondateur du groupe de presse B2B Infopro Digital, qui possédait L’Echo. Nous prenions ensemble le pouls du marché. Pour moi, L’Echo touristique, c’était le média de référence du tourisme. J’avais envie de m’en rapprocher pour renforcer notre collaboration autour des événements et de l’influence, alors que j’avais le Totec, les Travel d’or et Net managers. Christophe Czajka m’a proposé de reprendre le titre, ce qui me semblait trop beau… J’ai finalement trouvé le financement en quelques jours, avec Morgann Lesné (de Cambon Partners, Ndrl). Ce fut une fierté de pouvoir le racheter. L’Echo touristique a grandi et va continuer de grandir grâce à la data, aux abonnements et à l’apport d’Eventiz. Le groupe que nous avons constitué avec DéplacementsPros et Tom.travel va aller encore plus loin, dans tous ses domaines de compétences : médias, data, analyses.

*Eventiz est l’éditeur de L’Echo touristique. 

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