Commerce illégal / travel planners : « Souvent, un courrier de mise en demeure suffit »
Les Entreprises du Voyage prennent la défense de leurs adhérents et s’organisent pour identifier les opérateurs qui ne respectent pas la réglementation.
Il est loin le temps où le vocable « travel planners » (TP) évoquait les agents de voyages du réseau Havas Voyages pour leur conférer une forme de modernité. Désormais, les « TP » incarnent une nouvelle génération d’acteurs du voyage, qui ne sont pas toujours en conformité avec la réglementation. Pour éviter cette concurrence déloyale, les Entreprises du Voyage (EdV) disposent d’une délégation « commerce illégal », composée de Frédéric Savoyen (Eluxtravel) et de Jean-Charles Franchomme (CDMV).
Le tandem a fait un point d’étape lors du récent congrès des EdV à Val d’Isère avec Guillaume Beurdeley, secrétaire général adjoint du syndicat.
Les adhérents sollicités
Lors de leur atelier, intitulé « exercice illégal de la profession et nouveaux acteurs du voyage », les trois professionnels ont d’abord expliqué comment les adhérents pouvaient eux-mêmes constituer « un solide dossier » contenant « les preuves de l’exercice illégal ».
Afin de signaler un opérateur non immatriculé aux EdV, il faut réunir plusieurs éléments : le nom de la personne physique ou morale mise en cause, sa forme juridique, des captures d’écran, voire un « test ticket » prouvant ainsi la réalité des faits.
Une fois un dossier constitué et transmis, les EdV l’instruisent. S’il est recevable, un dossier de mise en demeure est alors envoyé à l’opérateur incriminé.
Très peu de saisines
« Des opérateurs exercent illégalement une activité accessoire, et ne connaissent pas notre réglementation. Et souvent, un courrier de mise en demeure suffit », a précisé Guillaume Beurdeley à Val d’Isère. Auquel cas cet opérateur décide de s’immatriculer, stoppe son activité ou se rapproche d’une agence.
En 2023, le syndicat a inventorié 90 dossiers ouverts, suite pour la plupart à des signalements d’agences adhérentes. 53 ont été réglés après son intervention, et 36 transmis à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), explique-t-il. Un seul dossier a fait l’objet d’une saisine à la suite d’une action judiciaire initiée par les EdV.
En 2024, à ce jour, le bilan fait état de 53 dossiers, et de 12 dossiers transmis à la DDPP. Avec une action en cours de préparation auprès des tribunaux.
Qui sont-ils ?
Au nombre de 2500 à 3000 selon Frédéric Savoyen, les travel planners (ou coachs) possèdent des profils très variés. Il y a le professeur de sport qui propose des séjours actifs à l’étranger ou en France. Le coach yoga qui monte un stage de relaxation. L’agence événementielle qui organise des team buildings et autres séminaires. Sans oublier nombre d’influenceurs.
Tous ces acteurs tentent de répondre aux nouvelles attentes des voyageurs, avec des méthodes souvent similaires : des frais d’organisation à la journée, un road book, des liens d’affiliation, des commissions versées par certains fournisseurs. Et une fâcheuse tendance, pour certains, à dénigrer les agences de voyages…
S’ils combattent l’exercice illégal Frédéric Savoyen, Jean-Charles Franchomme et Guillaume Beurdeley souhaitent ne pas dénigrer les nouveaux entrants dont ils louent les qualités. « Ce sont d’excellents communicants sur les réseaux sociaux », « on doit s’en inspirer », note Jean-Charles Franchomme. « Il faut créer des partenariats avec eux », ajoute Frédéric Savoyen.
Les EdV militent effectivement pour des accords entre les agences et les TP, dans la mesure du possible.
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