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Coronavirus : pourquoi les compagnies sont obligées de faire voler leurs avions à vide

C’est une dure réalité : la règle du 80/20 impose aux compagnies aériennes de faire voler leurs avions, même à vide, pour ne pas perdre leurs précieux créneaux.

Des milliers de litres de kérosène ont été consommés et des milliers de tonnes de CO2 ont été émises, pour rien, ces derniers jours. Comme l’a révélé le journal britannique « Sunday Times » vendredi 6 mars, des avions de compagnies européennes volent actuellement à vide. Et ce, pour respecter une règle européenne.

En effet, tous les ans, les compagnies aériennes doivent utiliser au moins 80% des créneaux horaires qui leur sont attribués dans les aéroports, faute de quoi elles perdent leurs droits la saison suivante.

Actuellement, certaines compagnies aériennes qui ont peur de « perdre leurs droits historiques pour la prochaine saison équivalente » sont amenées à « utiliser des avions dont le coefficient de remplissage est extrêmement faible, ce qui n’est pas une bonne solution sur le plan économique ou environnemental », explique l’association européenne des gestionnaires de ces créneaux (EUACA). sur son site internet. L’association rassemble les gestionnaires de créneaux de 230 aéroports européens.

Comme après le 11 Septembre

Pour faire face à la demande de réservations sur certaines destinations, les compagnies aériennes peuvent être amenées à « regrouper » des vols, c’est-à-dire à supprimer un vol et déplacer les passagers sur un autre vol vers la même destination. Mais elles restent tenues de respecter cette règle les obligeant à utiliser 80% des créneaux horaires qui leur sont attribués, sous peine de voir ces créneaux redistribués à d’autres compagnies.

L’EUACA demande donc à la Commission européenne la mise en place d’un moratoire, dans une lettre dévoilée par la Tribune. Celui-ci devrait être mis en place pour une période comprise « entre mi-février, début mars et jusqu’à la fin juin 2020 » avec une possibilité de l’étendre au-delà si l’épidémie se poursuit, explique l’organisme sur son site. Bruxelles avait déjà eu recours à de telles dérogations lors de l’épidémie de Sras en 2003 et après le 11 septembre 2001.

Cet appel de l’EUACA intervient après celui de l’Association internationale du transport aérien (Iata). L’association, qui regroupe 290 compagnies aériennes dans le monde, a demandé le 2 mars que « les règles d’utilisation des créneaux soient immédiatement suspendues pour toute la saison 2020 en raison de l’impact du Covid-19 ». Dans un courrier adressé jeudi au gestionnaire britannique des créneaux ACL, le secrétaire d’État britannique aux Transports Grant Shapps a lui aussi présenté une demande semblable.

L’Europe n’est pas (vraiment) d’accord

Mais, se confiant à Aviation Daily, Henrik Hololei, le directeur général de la direction générale de la mobilité et des transports de la Commission européenne (DG MOVE), a rejeté les appels de Iata. « Nous avons besoin de données solides. À ce stade, l’Iata ne m’a envoyé que dix graphiques colorés [montrant des exemples de baisse du trafic]. Mais ce ne sont pas des données solides. »

Le directeur général a laissé entendre qu’il n’y avait pas de pression immédiate sur les régulateurs pour qu’ils prennent une décision et que les transporteurs ne risquaient pas de perdre l’accès aux aéroports réglementés l’hiver prochain, même avec la règle des créneaux horaires en vigueur. Il a souligné que certains scénarios supposaient que la demande pourrait revenir en Europe au cours du deuxième trimestre, rendant l’assouplissement de la règle inutile. Affaire à suivre.

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